Encercler la Russie ?

Publié le par Boyer Jakline

Dans un entretien récent au magazine Le grand continent, le président français déclare qu'il faut "encercler la Russie "

Il argumente :

"L'état de fait est devenu la nouvelle doctrine pour beaucoup de pays : la Russie avec l'Ukraine; la Turquie avec la Méditerranée orientale ou avec l'Azerbaïdjan. Ce sont des stratégies d'état de fait, qui signifient qu'ils n'ont plus peur d'une règle internationale. Donc il faut trouver des mécanismes de contournement pour les encercler".

État de fait  ou fait accompli ?

Passons, difficilement, j'y reviens plus loin, sur l'attelage Russie-Turquie imaginé par le président français.
Revenons sur l’état de fait, c'est à dire : "n’ayant plus peur d’une règle internationale". Soit la politique du fait accompli.

Voilà  quelques états de fait récents de la part des Occidentaux,  France comprise,  qui se sont pensé autorisés à tout après la place nette laissée par l’URSS disparue.

Les Occidentaux, dont la France, ont

1- bombardé la Serbie en 1999, au mépris de la résolution 1199 du Conseil de Sécurité des Nations unies. Souvenons nous ici en France des campagnes de presse mensongères (vous avez dit complot ?) pour convaincre l'opinion publique " qu'il fallait y aller".
 

2- reconnu l'état mafieux du Kosovo en 2008, ignorant la résolution 1244 votée en 1999. N'étaient ils pas les plus forts ? Qui donc pouvait les contraindre ?

3- L'Irak, détruit sur la base d'un mensonge. Vous avez dit complot ?
4- La Libye, devenue ce que l'on sait après l'assassinat de son dictateur Khadafi, reçu quelque temps auparavant dans les jardins de l'Elysée.

L'Occident depuis la disparition de l'URSS, seul maître à bord, impose sa puissance du fait accompli, " état de fait", chez Macron.

Russie égale Turquie : quelle ignorance coupable présidentielle  !

La Russie entretient des rapports difficiles et anciens entre guerres et paix avec la Turquie.  Je vous renvoie à l’article que j'ai publié il y a quelques années dans ce blog. Voir le lien.

Mais :

les Turcs ont soutenu l'Etat islamique. Ils soutiennent les djihadistes de la poche d'Idlib, que la Russie bombarde régulièrement, sous les reproches des Occidentaux. Ces djihadistes, la Turquie les a transportés en Libye et dernièrement en Azerbaïdjan, au grand dam des Russes, c'est à leurs portes.

Or, deux guerres en Tchétchénie ont été menées face aux bandes inféodées à Al- Qaïda. La population russe a subi plusieurs Bataclan. Dans des stations de métro au centre de la capitale russe des plaques commémoratives le plus souvent fleuries le rappellent. Elle s’est étonnée amèrement du peu d’empathie,  c'est peu dire, des Occidentaux,  pleurant sur les pauvres Tchétchènes.  Or depuis des décennies ce pays est le camp de base de ce terrorisme. Je rappelle aussi que pour la Russie il n’y a pas  "d’islamisme modéré ".  Du coup,  elle se demande à quoi jouent les Occidentaux. 

Erdogan s'appuie sur ces djihadistes pour soutenir ses projets d'Empire Ottoman en Méditerranée orientale et dans le Caucase. Une fois de plus, la duplicité occidentale est à l'oeuvre : la Turquie n'est-elle pas membre de l'Otan ? Bien qu'en " mort cérébrale' d'après le président français, l'organisation rend bien des services pour la politique de "l'encerclement" qui n'est jamais que la nouvelle mouture du "containment" de Brzezenski.

On sait aussi que ces djihadistes d'Iblid étaient en contact avec l'assassin de Samuel Paty. La Turquie est aux avant-postes pour la croisade contre les caricatures et Charlie Hebdo...etc...

  Le ministre de l’intérieur français ne vient-il pas de se rendre à Moscou pour demander la coopération des services secrets russes dans la lutte contre le terrorisme.  Dans le même temps un des plus hauts responsables du FSB vient d'être touché par les sanctions occidentales...


Encercler la Russie ?

Regardez donc une carte et voyez comment tous les territoires de l’ex-Urss  sont investis. Ce qui  nourrit bien des réflexions en Russie même. 

Last but not least : étreindre le sixième de la planète est un rêve au minimum fou !

Cette étendue de leur territoire, les Russes la considère comme leur plus grande force, mais aussi une source de faiblesse.

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