Un fantôme hante la Russie.
Sous représenté dans les grandes émissions de débats TV, le KPRF envoie des dirigeants différents.
Ici, le 28 janvier dernier Youri Afonine, député, frappe fort.
Le débat quasi permanent dans ces talk-show, tourne autour des USA et ses sanctions contre la Russie, l'Ukraine. On s'écharpe à longueur d'antenne et à longueur de mois, voire d'années. Avec toujours cette particularité : la présence sur les plateaux de journalistes occidentaux, opposés aux analyses russes.
Imaginons que sur nos plateaux, où déjà les vrais débats contradictoires se réduisent, quand il y aurait un débat consacré à "l 'agressivité et la dangerosité russe ", serait invité un journaliste proche du pouvoir russe. Et ce,systématiquement...
Je ferme la parenthèse et retour aux analyses percutantes de cet élu communiste. Silence lourd sur le plateau.

Extrait du compte-rendu publié sur le site du KPRF, que je visite désormais régulièrement, campagne électorale oblige.
Youri Afonine est surpris par l'excitation qui accompagnait certains milieux du pays dans l'attente de la publication de nouvelles sanctions américaines. Il déclare :
" il est impossible d'imaginer Roosevelt établissant de telles listes de proches de Staline qui auraient placé des actifs dans ce pays pour faire pression sur le dirigeant soviétique. Idem pour Reagan à l'égard de Brejnev. Alors qu'une part de l'élite russe retient sa respiration dans l'attente de cette publication.
....Il devient alors évident, note-t-il, que les oligarques sont toujours là, bien que l'on nous ait dit qu'ils étaient restés dans les années 90. Ce sont des personnes liées au pouvoir qui possèdent une part significative de notre économie. Ils font des déclarations patriotiques mais en même temps placent leur argent en Occident où ils accumulent l'immobilier et les yachts. Et les plus gros consortiums russes se sont développés grâce aux crédits occidentaux, ce qui permet le contrôle extérieur de notre système économique et financier.
Il poursuit : la vulnérabilité de la Russie face aux sanctions est liée avant tout au fait que sous le capitalisme le pays vit essentiellement de l'exploitation des ressources naturelles et de leurs premières transformations...
Plus loin fut abordée la situation dans le Donbass.
Youri Afonine constate qu'au-delà de propos lénifiants, les désaccords de fond persistent à propos de la présence de casques bleues de l'ONU dans cette région. ( La Russie a donné son accord à cette intervention, J.B ) La Russie considère que ce contingent doit se placer sur la ligne de conflit, soit entre l'Ukraine et le Donbass. Les USA, eux, (car ils sont là...J.B ) souhaitent que ces soldats se répartissent sur tout le territoire du Donbass, en capacité de contrôler la frontière entre Donbass et Russie.
Cela peut conduire, précise-t-il, à un effondrement de l'aide humanitaire. En ce moment, les communistes russes acheminent le 70-e convoi. Ils ont envoyé un convoi au 1e septembre ( rentrée des classes J.B ) qui a permis à des dizaines de milliers d'enfants d'aller à 'école. Idem pour Noël, où 40.000 cadeaux ont été transportés par convoi. Que se passera-t-l si la frontière est sous le contrôle en principe de " soldats de la paix", et en réalité de formations armées dirigées de l'Occident ? Difficile de croire que, dans ces conditions, même les produits de première nécessité arriveraient à destination.
Comme toujours, les problèmes de politique intérieure furent relégués à la fin, en quelques minutes. Une vidéo fut montrée où une vieille femme se déchausse pour traverser à gué une rivière. ( Son nom est cité ) . Elle est de la région de Vologda. Elle est contrainte de franchir la rivière pour atteindre dans une village proche le magasin où elle achètera son pain. C'est le plus court chemin. Le pont unissant les deux villages a rendu l'âme. Passer par un autre chemin est plus long, et dans la neige épaisse, exige plus de force...
Commentant cette histoire, Youri Afonine est revenu sur ses souvenirs personnels. " J'allais souvent chez ma grand mère dans la région de Toula. un pont en bois permettait de circuler. Souvent la crue de la rivière emportait le pont. A l'époque soviétique, en une semaine maximum il était réparé. Dans les années 90 on pouvait attendre plusieurs mois. Puis, on a cessé de le réparer : " pas rentable " " pas d'argent ". C'est un problème général du capitalisme russe actuel. A la campagne des dizaines de milliers d'écoles , de centres culturels, d'écoles maternelles, d'hôpitaux...ont été fermés. les femmes prêtes à accoucher doivent faire 80 à 100 km. les fonctionnaires du ministère des finances, jusqu'au ministre lui-même ne voient pas les gens. Pas rentables, disent-ils " a conclu le député.
Voilà.
Traduisant cette intervention télévisée, vue par des millions de citoyens, j'imaginais que les lecteurs de ce blog allaient y retrouver bien des choses...
Petite plongée dans les problèmes des Russes, réels, non fantasmés, et tels qu'appréciés par une force politique représentative d'une part importante de la société.
Le 10 février prochain, nous aurons la liste exacte des candidats. Le KPRF veut obtenir une place correcte dans les médias. Souhaite des débats sur les programmes.
A suivre...
Youri Afonine est l'auteur d'une analyse remarquable de la mondialisation. Il propose de créer la notion de génocide économique.
Retrouvez l'intégralité de son texte en suivant le lien.
