Le dernier oligarque ?

Publié le par Boyer Jakline

 

Le 18 mars est là, tout proche.

Arte, France 2 y consacrent des documents et enquêtes... Sans grande diversité politique.


Le favori, le président sortant, ne fait pas à proprement parler campagne. Il dirige le pays, prend des décisions...Ce qui est la meilleure campagne pour lui.

Dans son comité de soutien, de nombreuses personnalités de tous domaines artistiques et politiques.
Il se présente HORS Russie Unie. C'est tout de même une forme de désaveu. En effet, si sa côte de popularité reste très élevée, bien qu'en légère baisse, celle du gouvernement et du premier ministre sont moins élogieuses. Il y a un très fort mécontentement quant à la politique économique et sociale : chômage, infrastructures routières et logement en souffrance prolongée, bas salaires, santé, éducation, corruption ...Tous ces " maux " sont sur la table.
Il se présente seul, hors parti.... Phénomène que l'on connait en Europe et en France... Habileté politique ?

Dans ce contexte, le candidat du Front de la gauche sociale et patriotique, Pavel Groudinine, mène une campagne extrêment populaire. Ces meetings sont bondés.

Ce qui lui vaut une contre-campagne de diffamation très violente; " Je sais comment pourrir son passé,"  déclare-t-il lors du meeting organisé à Moscou, Place Rouge, samedi, " il faut être candidat à l'élection présidentielle...Ils font de moi quasiment un oligarque "...

Ce qui, il faut bien dire, ne manque pas de sel... 

Cela fait dire à un de mes correspondants " Sans doute le Kremlin a des sondages qui ne sont pas ceux qui sont publiés. D'où le renouveau de la campagne de " boue". Telle est l'expression employée par ses  partisans.

Samedi 10 se sont tenus dans toutes les grandes villes de Russie des meetings de soutien à ce candidat. Ce fut l'occasion pour le président du Parti G.Ziouganov, de rappeler l'importance de ce vote et la nécessaire mobilisation de l'électorat pour changer de cap." Ne restez pas chez vous" leur a-t-il lancé. Après avoir rappelé les rôles constructifs qu'avaient joué son parti et lui-même  pour proposer des sorties de crise, quelquefois entendus, d'autres pas. En particulier en 1998, après l'effondrement du rouble, où un gouvernement d'union nationale avait permis en UN AN d'échapper au gouffre. ( Pour la traduction intégrale du discours, voir sur le site histoire et société ).

Sur " l'effondrement " du rouble en 1998, véritable hold up, quelques éléments vécus : 

si vous aviez à la caisse d'épargne 24.000 roubles, ce qui correspondait à peu près au prix d'une voiture soviétique, vous vous retrouviez avec....24 roubles, de quoi acheter une baguette de pain. Je me souviens des discussions avec mes amis, indignés, " et on ne bouge pas.... Si ça se passait chez vous, vous seriez dans la rue"... (Toujours cette vision enjolivée  de notre pays... En fait ce qui se passe aujourd'hui en France est très violent...Est-ce que " ça bouge "?)

Il a dressé un bilan énergique de l'action du pouvoir soviétique,  " les bolchéviks", en 20 ans.  Soit les 20 ans du pouvoir actuel. " 20 ans ont quasiment passé. En 20 ans les bolchéviks ont créé un puissant état en rassemblant l'URSS. Ils ont vaincu l'analphabétisme, ils ont fondé une industrie et une science au top mondial. Créé une sécurité sociale, où femmes, enfants, personnes âgées étaient la classe privilégiée du système. Ils ont vaincu le fascisme, posé les bases de la conquête spatiale et de la parité dans le domaine de la stratégie nucléaire..."  

Comparaison n'est pas raison... Ce discours plait aux " perdants  de la mondialisation ", nombreux,  version russe. Mais, évidemment, grince à d'autres oreilles...Surtout quand il ajoute : " depuis 10 ans, nous allons de crise en crise."

Attirée par certains commentaires de mes amis russes, que j'ai interrogés sur l'élection, je me suis intéressée au candidat Boris Titov. Crédité de moins de 1%, sa personnalité est très représentative de la politique russe actuelle. Jugez plutôt : milliardaire,  il est depuis 2012 responsable dans l'équipe présidentielle de la défense des entrepreneurs.... Au centre de son programme : " je veux que tous les citoyens s'enrichissent.", soit un écho à  l' " enrichissez vous " de Guizot, ou attribué à, en 1840.  Il se dit très inspiré par Stolypine.

Pour le reste, le dernier sondage autorisé, soit 5 jours avant le vote, a été publié lundi :

 Participation. 74%,

-  Vladimir Poutine, 69%,

- Groudinine entre 11 et 13%,

- Jirinoswki, entre 6 et 8%.

- 88% des sondés pensent que Vladimir Poutine peut assurer la stabilité et  le développement du pays.

 

Je ne peux pas ne rien dire sur deux faits :

 L'empoisonnement de l' ex du FSB à Londres. " Très probable " responsabilité russe, pardon du Kremlin... C'est l'expression employée dans la quasi totalité de la presse française et les commentaires internationaux.

La présence de Steve Bannon au congrès du FN.

Alors que les ondes sont saturées d'ingérence russe, voilà là un dirigeant américain qui vient dire que l'histoire est de leur côté,  et quel dirigeant ! Suprématiste blanc, lien entre le Ku Klux Klan et les néoconservateurs, en soutien à D. Trump dans sa campagne. Après le voyage de la dernière génération des Le Pen à un congrès de néoconservateurs.

Le tout couvert complaisamment par la plupart des médias. Je n'ai vu aucun commentaire s'indignant.

Quant à l'affaire londonienne, que dit-on à Moscou, avec déclaration officielle du Ministère des Affaires Etrangères ?

Cet espion a été échangé en 2008, quatre ans après son arrestation, contre des espions russes emprisonnés à Londres. 

Moscou voit là une vaste provocation, à quelques jours de l'élection présidentielle russe, souligne que tous les autres " cas" semblables ont été révélés avec force bruit et fureur, puis les enquêtes ont été menées dans le plus grand secret, sans qu'aucune info n'ait filtré sur les conclusions éventuelles. Litvinenko, Bérézovski entre autres.

La Russie est particulièrement choquée par l'ultimatum lancé par Theresa May: " vous avez 24 h pour vous expliquer, sinon...." Sinon quoi ? 

Publié dans Politique, société

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