Le rouge au fond.

Publié le par Boyer Jakline

Programme d'un théâtre à Moscou, mai 2019.

Programme d'un théâtre à Moscou, mai 2019.

Rouge.

Rouge, canada dry?

J'ai vu ce spectacle, 1926, en mai dernier à Moscou. Il évoquait l'année 1926 et l'amitié, amoureuse? créatrice? douloureuse? entre Marina Tsvétaiéva et Boris Pasternak. Excusez du peu.

Elle tournait autour de leur ami commun, le poète allemand Rainer-Maria Rilke. Excusez du peu. A qui ils rendirent visite, ce qui faisait écrire à Marina, dans une lettre à Boris " qu'aurions nous fait ensemble dans la vie quotidienne? On serait  aller voir Rilke".

La correspondance Rilke-Pasternak-Tsvétaiéva-a été publié chez nous il y a une vingtaine d'année. Elle n'existe pas en Russie. 

Sur la scène deux grands comédiens, très populaires. La mise en scène a recours à tous les moyens techniques à disposition. Et donc, la pièce commence avec Lénine expliquant " qu'est-ce que le pouvoir soviétique", archive historique, sur grand écran en fond de scène. Puis défileront Trotski, sorti des combles dans la Russie actuelle, Dzerjinskii, Staline...

En 1935, Tsvétaiéva est exilée, vit à Paris. Elle rencontre Pasternak qui représente l'URSS au Congrès des intellectuels pour la Paix.  Car il y eut une période où les intellectuels, et quels intellectuels, se réunissaient en Congrès pour la Paix... (Marina veut retourner en Russie/URSS. Boris lui déconseille. Elle le fera quand même)...

Sur l'écran au fond, Hitler et les autodafés: les livres en monceaux brûlent.

J'ai bien compris qu'il s'agissait d'évoquer le cadre historique de cette rencontre. J'ai été peu convaincue par un certain confusionnisme, (mais nous vivons ici et là bas sous le règne de la confusion générale organisée: comment interpréter autrement ce dernier épisode en 2019 où  l'Allemagne est invitée aux commémorations du 6 juin et pas la Russie. Fermez la parenthèse)

Peu convaincue aussi par l'interprétation faite de Marina, puisque le parti-pris est de la faire hurler... Or, ses textes, sa langue hurlent, pas elle forcément. Cette jeune comédienne a déjà une carrière riche. ( photo ci-dessous, Elizaviéta Boyarskaya)

Лиза Боярская 

Ce qui est tout de même unique, ici à Moscou et nulle part ailleurs, c'est la présence sourde, permanente, de leur histoire du XXe siècle. Elle croise les préoccupations populaires de justice sociale et de virage économique nécessaire. Qui se sont exprimés jusque dans les questions à Vladimir Poutine, le 20 juin dernier.

La semaine dernière, le maire de Moscou a inauguré une nouvelle extension du métro, 4 stations, dans le nord de la ville. La dernière station s'appelle "la Communarde". Le rouge, canada dry, ou pas... 

A propos de l'autodafé dans Allemagne en 1935, il m'est revenu le souvenir de ma première visite d'une école soviétique. Dans chaque classe, au dessus du tableau "l'injonction" de Lénine " Apprendre, apprendre, apprendre". Et un piano à queue dans le hall de chaque étage. Entre brûler des livres pour détruire des pensées ( il faut l'empêcher de penser disait Mussolini, jetant en prison Gramsci) et inviter la jeunesse à étudier, il y a plus qu'un monde.

La nostalgie actuelle n'est elle pas la nostalgie de ce monde là et non d'un goût pour la "dictature"?

Rien à voir avec les nostalgiques du IIIe Reich en Allemagne et ailleurs en Europe, que le pouvoir français n'hésite pas à recevoir,  les dirigeants de groupes néonazis ukrainiens par exemple, qui se revendiquent comme tels.

A l'occasion de ses 75 ans, Guénnadii Ziouganov, président du KPRF, PC russe, a accordé un très long entretien à l'agence TASS.
"Je n'ai pas honte de ce que j'ai dit il y a 10 ou 20 ans". Voir le lien.
Il est un personnage politique de premier plan. (L'anniversaire est un jour très important en Russie).

Il a reçu félicitations et hommages de nombreux hôtes, russes et étrangers. Vladimir Poutine lui a offert les travaux du XXIIIe congrès du PCUS, qui s'est tenu en 1966, année où Ziouganov est "entré" au parti.

Ses camarades lui ont offert une édition rare des oeuvres de Lénine.

G.Ziouganov est docteur en philosophie et colonel réserviste

4 fois candidat à l'élection présidentielle, il a manqué de peu l'élection en 1996. Il s'en explique dans l'entretien.
 

Pour les russophones, 3' de reportage au grand journal de Rossia1.

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