Les enfants gâtés.

Publié le par Boyer Jakline

Voilà une analyse de mon ami-Messenger Rustem Vahitov, professeur de philosophie à l'Université d'Oufa, Bachkirie, publiée dans " Sovetskaya Rossia du 15 août, où il tient une rubrique.Carte depuis Moscou, Russie pour Oufa, Bachkirie, Russie

( regardez sur la carte, 1350 km de Moscou, "au pied" de l'Oural, raison pour laquelle à ce jour je n'ai pas mis en pratique mon souhait d'aller voir de plus près, 19 h de train...Mais ce sera! ) 

En m'envoyant ce lien, Rustem me précise qu'une "révolution" néo-libérale de droite est en cours... Avec un clin d'oeil...

Rustem n'est pas membre du PC russe. Son engagement est significatif d'un état d'esprit très présent dans la société.

Je partage son analyse. D'où mon envie de la partager avec vous...  Exercice de  traduction complexe car la pensée de Rustem a ses propres chemins...

Petits problèmes techniques aussi, que vous voudrez bien me pardonner...

Le titre est une traduction d'une expression populaire russe, qui dit mot à mot " le gras les rend fous". Le gras, métonymie de la satiété, dans un pays où on a eu souvent faim, encore il y a peu... Traduction imparfaite, comme souvent avec les expressions idiomatiques.

Vous retrouverez sur ce blog de nombreuses références au  travail de Rustem Vahitov. Ma rencontre avec lui commence après que j'aie acheté à Moscou son petit ouvrage "La révolution qui a sauvé la Russie", seul dans son genre au moment du Centenaire de 1917, où tous les autres "essais" maudissaient l'événement...J'ai pris contact avec lui.

Je pense que cet bref ouvrage  intéresserait un public ici, car il polémique avec tous ces autres et argumente... Prête à le traduire si...

 

Je traduis

La "révolution" des libertariens et le silence du peuple.

1. Le  silence de la majorité

 Imaginez une personne qui, au cours des deux dernières semaines, aurait été .

 

privée de toutes les sources d’information, à l’exception de la station de radio Echo de Moscou et de la chaîne de télévision Dojd' (et, bien entendu, de leurs pages Internet), il ne fait aucun doute que cette personne penserait qu'il y a la révolution en Russie! Des milliers de personnes descendent dans les rues, ils sont battus par la police anti-émeute et la garde russe, des militants sont saisis, jetés dans des prisons, mais de nouveaux militants les remplacent. Les locataires du Kremlin tremblent de peur, une junte militaire et policière a pris le pouvoir dans le pays, et les fonctionnaires civils avec à leur tête vous savez qui ne décident plus rien.

C’est cette impression qui se crée si vous parcourez simplement les titres et les articles du site Web Echo de Moscou. Eugene Albats écrit: «L'hystérie du pouvoir gagne en intensité», prédit la réduction du système parlementaire, instauration de la loi martiale et de «des dizaines de milliers d'arrestations, comme en Pologne en 1980».  Gennady Gudkov déclare: "Aujourd'hui, nous nous sommes réveillés dans un autre pays." Leonid Gozman conclut ainsi: «Avez-vous commandé une révolution? Signez. Oui, cellle que vous vouliez, révolution de couleur!". Et évidemment  Dmitry Bykov n'en peut plus d'attendre la «libération de la Russie» pour réaliser son rêve chéri - écrire une biographie du général Vlassov (collaborateur d'Hitler. J.B)... Bykov, fin connaisseur de  la dialectique, se réjouit de l'arrivée de la "junte": "L'émergence de la junte en Russie est  une relativement bonne nouvelle: cela signifie que le régime a décidé de se suicider". Et Alexander Gorny affirme qu’il y a eu un

.«coup d’état hybride», semblable à celui d'août 1991,   mais sans déclaration à la télévision ni Lac des cygnes (quand un événement exceptionnel se produisait en URSS, la TV d'état s'arrêtait et diffusait la musique de Tchaïkovski.J.B) et… se dit inquiet pour le président: «Nous ne voyons pas la réaction du président, du premier ministre, des dirigeants des partis parlementaires, ils ont tout simplement disparu et on nous montre d’étranges photos de protocole et des vidéos de réunions qui ne sont pas vraiment liées à la réalité. ... Peut-être avons-nous déjà ... un double silencieux? "

( Le "double silencieux", c'est le fantasme qui court dans ces milieux autour de V.Poutine: est-il vivant ou mort? est-ce lui qui parle ou son double silencieux?J.B)

Si donc la personne qui a écouté exclusivement «Echo de Moscou» et a regardé Dojd' pendant deux semaines allume la télévision, lit les journaux, finit par sortir dans la rue, prend le métro, écoute les gens qui parlent dans les transports, dans les magasins, sur les lieux de travail, il sera surpris: il n'y a pas de révolution du tout (il n'y a qu'une petite crise politique, bien que significative, dans la capitale). À la télévision, les ministres, les gouverneurs et les maires sont en forme, n'ont pas blêmi d'effroi. Les journaux écrivent sur les incendies en Sibérie, sur le mauvais temps et sur la guerre commerciale sino-américaine. D'accord, les médias officiels - tout le monde sait, évitent certains sujets  pour des raisons évidentes. Mais de quoi parle-t-on partout?  des salaires, des crédits, des prix ...

Les manifestations à Moscou ont commencé le 20 juillet lorsque 20 000 personnes
ont pris part à un rassemblement autorisé par les autorités sur la place Sakharov.
Trois jours plus tard, après une manifestation beaucoup moins importante le 24 juillet, des sociologues de la Petersburg Politics Foundation ont mené une enquête auprèsdes Moscovites pour connaître leur opinion sur ce qui se passait. Il s'est avéré que 41% des Moscovites n'étaient au courant d'aucune manifestation! Et parmi ceux qui en ont entendu parler, seulement 11% ont exprimé le désir de participer! (Vedomosti24/07/2019). Certes, après la violente dispersion du rassemblement le 27 juillet, la situation a changé: le 31 juillet, seuls 37,6% des Moscovites ont déclaré ne pas avoir entendu parler d'un rassemblement de protestation ou avoir entendu quelque chose, mais ne savaient pas à quoi s'en tenir. Mais dans le même temps, plus de 49% de ceux qui ont entendu parler n’ont pas soutenu ces actions, et plus encore n’y ont pas participé. (Service russe de la BBC, 1.08.2019).
Et ceci à Moscou, où presque tout le monde a un smartphone, surveille l'actualité via
Internet et s'intéresse activement à la politique, et où les points de vue libéraux et pro occidentaux ont toujours bénéficié d'un fort soutien!

Dans les régions, la nouvelle de la «révolution de Moscou» n'a provoqué aucune réaction, la vie ordinaire s'est poursuivie. Même l’opposition régionale - partisans de Navalny and Co., n’a pas pris la peine de descendre dans la rue pour soutenir ses partisans de la capitale (à l’exception de Saint-Pétersbourg, où le soutien n’était pas non plus impressionnant). La réaction des autres témoignait d'une tension contenue, voire d'une hostilité sceptique. 
Pourquoi la plupart des Russes, et en particulier ceux qu'on appelle les citoyens
ordinaires, sont--ils absolument indifférents et même hostiles à la "révolution" à
Moscou? Sont-ils satisfaits de ce que fait le pouvoir? Non, bien sûr. Mais les
revendications et les slogans proposés par les "révolutionnaires" intéressent peu les
Russes. Intuitivement, les gens se sentent étrangers et même hostiles à
ces "révolutionnaires". Et l'intuition ne les trompe pas.

2. Revendications des manifestants. 


Quelles sont les revendications des "révolutionnaires"? Vous pouvez les retrouver sur les sites mentionnés, sur les sites Internet des manifestants. Vous pouvez le voir sur les vidéos sur YouTube, à la fois sur celles qui parlent des manifestations et sur les chaînes personnelles des leaders de la manifestation.
Le premier, et le plus important slogan, est de permettre aux candidats
indépendants de participer aux élections. Voilà un thème qui concerne tout le territoire et pas seulement Moscou.( base des  attaques contre le pouvoir).  Il s'agit de simplifier la procédure d’enregistrement des candidats aux élections locales, de réduire, voire 
d’annuler, le fameux "filtre municipal" qui, selon les manifestants, a été mis en place afin d'écarter les candidats de l’opposition. Il est clair que lors des élections aux assemblées législatives locales en province, les mêmes dégâts liés au filtre municipal se produisent. Donc cette exigence devrait  concerner tous les Russes, où qu’ils vivent. ( Le PC a protesté également: ses candidats n'ont pas passé ce fameux " filtre". L'opposition parlementaire est aussi concernée. J.B)
La deuxième condition est la libération des personnes arrêtées lors des dernières
manifestations et détenues dans des cellules d’isolement, des poursuites ayant
été engagées contre elles.
La troisième condition est l'enquête sur les actions de la police, l'identification et la
sanction des responsables de la sécurité qui ont violé la loi lors de la dispersion des
rassemblements, l'utilisation obligatoire des numéros d'identification par les forces de sécurité sur leurs tenues (afin que vous puissiez savoir qui a utilisé la
violence de manière inappropriée), l'interdiction d'amener des agents de sécurité
d'autres régions de la Fédération dans la capitale (sauf en cas d'urgence), la
dissolution de la Garde Russe et le transfert de ses fonctions à la police.
La quatrième condition est l’abrogation des lois et règlements limitant le droit
constitutionnel à la liberté de réunion: organiser des rassemblements, des marches et des manifestations pacifiques doit se faire sans demander l'autorisation, informer les instances de pouvoir concernées doit suffire.
La cinquième revendication, franchement politique, est la démission de tous ceux qui,selon les manifestants, sont responsables du développement violent des événements:
- du maire de Moscou et des membres a Commission électorale de Moscou jusqu'au président, au gouvernement et au responsable de la Commission Centrale Electorale.

Les manifestants les plus radicaux exigent la lustration de tous les responsables, c'est-à-dire l'interdiction d'être en charge au  gouvernement pour les personnes qui travaillaient dans les structures de pouvoir de la RSFSR ( Russie Soviétique, J.B)  et de la Fédération de Russie post-Eltsine.  Très inspiré,  le site Web Echo de Moscou débat de la possibilité d'une décommunisation dans le sens de l'ukrainien, c'est-à-dire l'interdiction du Parti communiste et de ses symboles, le changement de nom des villes, des villes et des rues, est également à l'étude. ( Ce qui se passe aussi en Pologne.J.B)  En même temps que se déroulaient les manifestations, le site Echo offrait une tribune à Igor Tchoubaïs (le frère aîné du " grand maître d'oeuvre des privatisations" (ministre des finances d'Eltsine, honni par de larges couches de la population dépossédée. J.B), l'un des idéologues les plus odieux des "Blancs" actuels, qui se déclarait partisan de la renaissance de la monarchie cléricale. Dans sa conversation avec V. Dymarsky, par exemple, il compara les ordres de Lénine avec les ordres fascistes et déclara que, pour lui, l'URSS n'était pas un pays, et dans une conversation avec O. Bychkova, I.Tchoubaïs senior disait à propos de notre victoire dans la Grande Guerre patriotique (deuxième guerre mondiale en Russie.):
«L'idéologie communiste, grâce à la démocratie occidentale qu'elle a détestée, a gagné cette guerre, puis  a prouvé qu'elle était victorieuse et qu'elle était la plus avancée et la plus progressiste."


3. Incubation de vues.


Parmi les participants, les dirigeants et les sympathisants des manifestations de juillet-août la haine du socialisme et de l'URSS passe les bornes. Et ce n’est pas par hasard, tout comme ce n’est pas un hasard si les slogans sociaux et économiques.  sont pratiquement absents de leurs revendications. Ils exigent la démocratie, la liberté de réunion et des élections, mais ils ne disent pas un mot sur l’augmentation des salaires et des avantages sociaux, la réduction de l’âge de la
retraite, l’imposition d’une taxe sur la fortune, la nationalisation du complexe pétrolier
et gazier et, enfin, la mise au pas des oligarques. Ce silence éloquent est lié à leurs
orientations idéologiques.
Un groupe particulier de manifestants était constitué de jeunes partisans d'idées
libertaires (le rassemblement a été organisé le 3 août par le leader du parti libertarien russe Mikhail Svetov, arrêté par la police).
Le libertarianisme est une idéologie qui place la liberté et les droits individuels au dessus des intérêts de la société et de l'État. Bien que le libertarianisme ait deux ailes
- gauche et droite, ce sont les libertaires de droite qui ont été remarqués lors des
manifestations de 2019. Ils sont partisans de la minimisation du rôle de l’État et d'un
marché plus libre. En particulier, les libertaires s'opposent non seulement à
l'ingérence du gouvernement dans l'économie, mais également aux retraites
publiques (les retraités sont des «dépendants sociaux»), aux prestations (y
compris le chômage et l'invalidité), au salaire minimum fixé par la loi et aussi à un budget pour l’éducation  publique et la médecine, et certains d’entre eux sont également opposés aux impôts. En bref, leurs points de vue peuvent se résumer  dans une seule  phrase: vous êtes capables d'obtenir de l'argent par le biais d'opérations de marché - en direct, vivez, vous ne pouvez pas - crevez. Personne ne doit rien à personne.

Bien sûr, les libertaires sont pour l'abolition de toutes interdictions et obligations sociales - pour la liberté de possession d'armes, contre la conscription universelle et pour les armées professionnelles et même privées (au service des oligarques).
Faut-il ajouter que le socialisme avec de telles positions est le mal absolu,
de l'«esclavage»comme le caractérisait leur idole, l'économiste autrichien von Hayek.
Ecoutons ce qu'un jeune homme devenu le visage des manifestations
estivales. L'étudiant de la "Haute Ecole d'économie" et le blogueur de vidéo populaire Egor Joukov (photo) donne son point de vue.
<p>Егор Жуков</p>  il a été arrêté et accusé d'avoir organisé des émeutes de
grande envergure. Il y a un an, en août 2018, il a accordé une interview à l'édition en
ligne de The Vyshka. En voici des extraits:

«La version la plus populaire du libertarianisme est basée sur le principe de l’appartenance à soi, c’est-à-dire l’idée selon laquelle une personne a pleinement droit à son corps. Les principes de base découlent également de ceci: inviolabilité de la propriété privée, interdiction de la violence. ... Je ... soutiens maintenant le libertarianisme pour des motifs utilitaires, plutôt que juridiques. "Les droits naturels doivent être garantis par quelque chose d'extérieur, mais, comme l'a dit Sartre, citant Dostoïevski, s'il n'y a pas de Dieu, tout est permis."
C'est le credo de Joukov et de ses amis: il n'y a pas de Dieu, l'État n'est pas
nécessaire ou presque pas, tout est autorisé, sauf ce qui enfreint la liberté et porte
atteinte à la propriété privée.
Egor explique également son attitude vis-à-vis du socialisme sans détours: «Steven Crowder, l'un de mes blogueurs politiques américains préférés, a déclaré:« Au fil du temps, la réalité devient le principal ennemi du socialisme. C'est la réalité dans laquelle la société est divisée en personnes qui travaillent fort et en paresseux, mais qui pensent constamment que tout le monde autour d'eux leur doit quelque chose (les italiques sont les miens. - RV ). Ils soutiennent que les riches les oppriment. Cependant, si vous êtes stupide et paresseux, alors ce ne sont que vos problèmes et pas ceux qui, contrairement à vous, ont réussi quelque chose (les italiques sont de moi. - R.V.).

En outre, une intervention généralisée dans l'économie sous prétexte d'augmenter le financement des programmes sociaux est susceptible de saper l'initiative entrepreneuriale. L'expansion des programmes sociaux augmente le nombre de ceux qui croient que quelqu'un doit s'occuper d'eux. En conséquence, il y a moins d’entrepreneurs et plus d'assistés dans la société, ce qui sape beaucoup l’économie. » Ainsi, selon Joukov, le socialisme est une société dans laquelle "les personnes qui ont réalisé quelque chose dans la vie", proactives, entrepreneures sont obligées de partager leurs revenus "gagnés honnêtement" avec des "perdants stupides et paresseux". Étudiant à la Haute Ecole d'Economie, bien sûr, il se considère comme intelligent, travailleur et déjà accompli. À son avis, le capitalisme est bien meilleur. La raison pour laquelle certains membres de la société capitaliste sont pauvres, explique-t-il, n’est que leur propre paresse et leur étroitesse innée. Ils n’ont pas besoin d’aide car cela saperait l’économie.
Bien sûr, Egor Joukov ne mérite pas d'être jeté en prison. L’agression de nos forces de sécurité contre des manifestants pacifiques est scandaleuse et la demande des collègues et des enseignants de Egor de libérer le jeune homme est absolument juste. Tout aussi juste est de caractériser ses opinions comme repoussantes et pleines de haine à l'égard des hommes.


 Nous ne sommes pas confrontés à une bravade de jeunesse du style «Poutine a
pitié hypocritement des pauvres, moi,  je ferai le contraire», mais à une position
réfléchie, et nous ne pouvons qu' être surpris par la laideur morale de ce jeune homme, admirant avec snobisme sa bonne position sociale et méprisant ouvertement tous ceux qui ont été moins chanceux dans cette vie.  (qui n'est pas né à Moscou, qui n'étudie pas à la  très chère et ultra prestigieuse Haute Ecole... , celui qui est obligé de gagner sa vie avec un travail dur, et pas «traîner» avec un smartphone dans des cafés de la capitale). Et cela ne concerne pas  Egor seul, mais cette couche sociale qu'il représente, dans la jeunesse de la bourgeoisie moyenne russe de Moscou et de la province. Finalement, lors de leurs manifestations, s'il n'y a pas de slogans sociaux en faveur des pauvres, ce n'est pas parce que cela ne les intéresse pas (eux-mêmes sont bien lotis, ils mangent bien, ils s'habillent bien, ils étudient dans une université où les frais de scolarité coûtent environ un demi-million de roubles par an). Non, c'est qu'ils ils méprisent ouvertement les pauvres et les opprimés. Ils ne cachent pas que s'ils avaient le pouvoir, les pauvres perdraient  tout salaire  et  avantages sociaux et seraient condamnés à la mort lente, ce que Egor et comment le dire ... les enfants gâtés trouvent  juste et mérité!
D'ailleurs c'est incompréhensible que Egor et les siens ne soient pas satisfaits du régime actuel...
 Si nous allons au-delà des  déclarations publiques, le régime fait ce dont rêve «la jeunesse métropolitaine avancée»: il détruit lentement les allocations de retraite, l'aide sociale, les soins de santé gratuits et l'éducation ... Notre président n'a-t-il pas dit au début des années 2000 qu'il fallait s'éloigner de la médecine publique  soviétique et  passer à la médecine commerciale? Et si nos pouvoirs en place étaient plus intelligents, ils n'enverraient pas à Egor des "cosmonautes" munis de matraques, mais un bon conservateur qui réunirait des libertaires de la Haute école d'économie devant un public sur Myasnitskaya 
(rue centrale à Moscou, proche du siège du FSB et non loin du Kremlin...et du Lycée Français...J.B) et expliquerait que le gouvernement met en oeuvre le programme " l'état-gardien de nuit". et que le vrai parti libertaire en Russie n’est pas un groupe de frêles hipsters, mais le parti Russie Unie. Quant à la police de la Garde Russe et à la police anti-émeute, ils sont là, dans le cas où des "stupides et paresseux" qui "ne supportent pas la concurrence du marché" descendent dans la rue.
... Et les collaborateurs de Egorushka ne doivent tout simplement pas se promener
sur les boulevards, mais apprendre à être directeurs de banque,  puis regarder
par la fenêtre d’un bel immeuble de verre sur la façon dont la police disperse les
«assités» munis des drapeaux rouges.Tel était le projet lorsque fut créée la Haute Ecole d'économie..


Je ne prétends pas prédire le sort d’une personne en particulier - l’étudiant Yegor
Joukov, mais je n’ai aucun doute sur le fait que la plupart de ses camarades
protestent dans 20 ans (si le régime oligarchique existe encore, ce
qui est peu probable) ne se distingueront pas des ministres actuels, des députés de
Russie Unie et des propriétaires de banques et les sociétés. Et en même temps, ils
ne trahiront pas du tout leur "passé révolutionnaire", car pour l’essentiel  déifier la
propriété privée et  garantir le succès du marché et  mépriser les peuples, les "perdants de l’économie", bref, ce qu'ils pensent, c'est ce qu'ils penseront ... Ils deviendront un peu plus sages et comprendront l’élémentaire chose: la mise en oeuvre du programme économique du libertarisme de droite (ou, comme ils l'appelent aussi, du minarchisme) n'est possible que si tout programme politique est abandonné.

Après tout, si les riches et les «gagnants», qui ont pillé des millions de personnes et ne veulent rien partager avec le peuple qui galère, abandonnent l’énorme machine répressive et "font prospérer la  démocratie", la foule des pauvres et des opprimés, toujours beaucoup plus nombreuse que
les riches, profitera des procédures démocratiques et il en sera fini de leur "propriété privée inviolable" ! Les Egor d'aujourd'hui, comme toute jeune génération, semblent proclamer quelque chose de nouveau, mais comme l'a dit le roi  Salomon: «ce qui était,  sera, et ce qui a été fait sera fait, et il n'y a rien de
nouveau sous le soleil". 

Dans les années 90, il y avait aussi de tels libertaires, mais
après avoir fait le plein de farbriques,d'usines,  des bateaux, ils ont
soudainement constaté que des milliers d'anciens citoyens soviétiques appauvris se
déchaînaient sous leurs fenêtres, réclamant qu'on leur rende ce qu'on leur avait volé, réclamant justice et châtiment ... Et ensuite, les libertaires 90- x ont crié "nous avons besoin d'un Pinochet russe!". Et l'ordre a été mis en place, ici par le mensonge,  là par la "pacification"et les  "libertaires de la vie"ont pu continuer à s'enrichir et profiter encore et encore ...
 Les Egor Joukov sont tout simplement trop jeunes et n'ont pas vu sur Tverskaya et
Lubyanka ce que leurs prédécesseurs avaient vu dans les années 90 - plusieurs
milliers de personnes mal habillées,  en colère, marchant à poings serrés, sous les
drapeaux rouges et les portraits de Lénine et Staline ... Et si vous le voyiez (et
gardons l'espoir), vous comprendriez qu'ils ne sont aucunement opposés au
"Pinochet russe", car lui seul peut protéger la "propriété privée" de Papa (volée par
ses pères dans les années 90) et les "droits constitutionnels". (c’est-à-dire le droit de
continuer à voler les "perdants stupides").


4. Personnes et manifestations.


Ainsi, les citoyens ordinaires, la majorité pauvre en Russie ignorent les
manifestations. Et c'est une chance pour les manifestants, car si les gens découvrent leur démarche idéologique, ce que les manifestants réclament, alors nos libertaires eux mêmes devraient se cacher derrière la police anti-émeute et la Garde Russe..

Cependant, je ne  voudrais pas noircir le tableau. Peut-être que pour beaucoup de manifestants   les stupidités sociales darwinistes du libertarianisme sont quelque chose de superficiel. Peut-être qu'un grand nombre d'entre eux, combattant le régime oligarchique, deviendront spontanément des anticapitalistes, prendront le parti du peuple et apporteront même un nouvel élan d'énergie à la gauche, le mouvement socialiste.
Quoi qu'il en soit, leurs protestations sont également bénéfiques. En proposant des
slogans démocratiques généraux, ils ouvrent la voie à ceux qui les suivent - pour une
protestation réelle, populaire, pacifique mais beaucoup plus dangereuse pour les
oligarques. En effet, de même que la mise en oeuvre cohérente du programme
économique du libéralisme radical conduit naturellement à une dictature politique de type Pinochet, la mise en oeuvre cohérente du programme politique du libéralisme radical conduit, lui, naturellement au triomphe de la démocratie réelle, et non bourgeoise, au réveil  du peuple, non seulement contre la politique officielle, le pouvoir, mais aussi ses coulisses - la bourgeoisie oligarchique.
La nature fait bien les choses: octobre viendra après février.
Ufa
Rustem Vakhitov

 

Fin de la traduction

Tout cela ressemble comme deux gouttes d'eau à du Macron, non?

Et finalement, nous avons là plus des "foulards rouges" que des "Gilets jaunes"

Samedi dernier, le KPRF a aussi manifesté à Moscou, comme prévu...

Appel au rassemblement des forces de gauche. "élections propres et honnêtes" mais aussi lutte contre le chômage, les bas salaires, la corruption... 
Vidéo d'un heure 20 mn, pour les russophones... 








 

Cette opposition qui n'intéresse pas du tout les "occidentaux"...

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