Dedans, dehors : retour sur une conférence de presse.

Publié le par Boyer Jakline

Juste avant la passation de pouvoir. Eltsine 68 ans, l’âge de Poutine aujourd'hui. Illustration de l’article.

Si nous avons,  nous, toutes les raisons de nous réjouir  de la présence et l’action de  la Russie à  l’international  pour calmer  certaines ardeurs et dire quelques vérités  éclairantes, il n’en va pas de même pour l’appréciation de la politique économique et sociale menée dans le pays. 

Beaucoup,  à  gauche,  la contestent et n’ont pas apprécié le satisfecit du président. En particulier,  l’état des infrastructures médicales et hospitalières ne permet pas de lutter contre la pandémie et en même temps assurer les autres traitements. D’où des victimes "hors covid " non recensées. C'est ce que me dit une amie de province : on manque de médecins,  hors covid,  pas de soins !

Manque aussi de médicaments : une autre amie qui vit aussi en province, m’avait expliqué que les Moscovites après avoir épuisé les stocks de médicaments chez eux, venaient faire des razzias  dans les pharmacies chez elle. Sorte de sauve-qui-peut !

À noter cependant que la politique extérieure jouit plutôt d’un large soutien. 

Mon ami Rustem Vahitov a publié dans Soviétskaya Rossia une analyse cinglante de l’exercice présidentiel. 

Il y souligne l’abondance de chiffres et statistiques convoqués pour dresser un satisfecit général. Début particulièrement indigeste que j’avais noté. 

Exemple ?

Les Russes, une grande partie de la population,  vivent mal,  les prix de produits de consommation courante ont fait un bond.  Interroge un journaliste. 

Réponse : tout est relatif. C’était beaucoup plus dur dans les années 90, " les années fringantes" selon l’expression consacrée en forme d’autodérision.

Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé de 12,3% à 13,3, soit 20millions de personnes entre 2018 et 2020.

C’était presque le tiers de la population dans les années 90.

Idem sur le bilan sanitaire : 40 hôpitaux covid ont été construits. Nous nous en sortons plutôt mieux que d’autres pays. Dit Vladimir Poutine. 

Rien sur la casse du système hospitalier public,  et les soins suspendus pour tout ce qui n’est pas covid...

Je note à propos de cet argument utilisé aussi chez nous dans une autre variante :

tous les pays dits développés pratiquent depuis des décennies la privatisation des soins. Décrètent le service public obsolète car non rentable. Dans cette " compétition " mortifère, la Russie s’en sort sans doute moins mal grâce à la culture et les pratiques soviétiques du soin,  proches encore. 

Dans le domaine de l’enseignement,  il  plaide pour l’enseignement à distance... avec un argument qui témoigne de son  ignorance totale et inadmissible de ce qu’est cette activité.  Je vous  renvoie à mon article du 21 décembre dernier. 

Son argument serait presque risible : un tel enseignement permet de bénéficier  des cours et conférences de grands maîtres et professeurs. 

70% du PIB serait obtenu hors "aiguille du gaz et du pétrole".  Ces exportations sont remplacées par celles du blé et céréales. C'est donc la même logique qui  prévaut. 

L’article revient aussi sur les prochaines élections régionales de 2021. Un journaliste interroge sur l’offre politique et déclare qu’il serait temps que les partis traditionnels cèdent la place.

Le président défend le bilan des sortants, arguant que tous sont mûs par l’intérêt national.  Ce qui lui valut un "contre" explosif du président du KPRF : non,   Russie Unie n’est pas motivée par l’intérêt national. 

Puis Vladimir Poutine ajoute : il y aura 16 partis nouveaux dans ces  élections. 

Commentaire de Rustem Vahitov : il s’agit avant tout de créer les conditions d’un affaiblissement du score du KPRF,  en flèche dans les sondages. 

Bref, cette nouvelle conférence de presse où rien n’avait été laissé au hasard dans la préparation a laissé un sentiment de lassitude dans un jeu usé. 

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