30 ans sans l’URSS.
C'est une rubrique ouverte dans le journal Kommersant.
Et que j’ouvre aujourd'hui ici.
Ce quotidien très important représente la nouvelle presse de la nouvelle Russie. Mélange de Figaro et de Libération. Mais oui, mais oui.
1991-2021 : 30 ans.
Se souvenir que, consultés sur le maintien d’une Union redéfinie, les Soviétiques, très majoritairement, s’étaient prononcés positivement. Ce qui permet aujourd'hui à certaines forces de gauche, KPRF en tête, de denoncer un processus illégal et catastrophique.
"Il s’agit de savoir ce que nous avons hérité de l’URSS, qu’est-ce que l’homme soviétique, comment il a changé, par quels carrefours historiques est passée la Russie en 30 ans." présente le journaliste.
Ce sont essentiellement des entretiens de personnalités déjà en situation de pouvoir ou de gestion dans l’URSS finissante. Beaucoup disent les dysfonctionnements patents, peu, voire pas, la voyaient, finissant...
Radio Spoutnik, via RIA Novosti, en fait de même.
30 ans sans l’URSS. Mon année 1991. Année de rupture.
Dans la présentation le journaliste explique que ce sont des personnes nées, grandies, formées en URSS et qui ont dû changer radicalement de façon de penser, souvent changer de profession, et quelquefois de pays.
Dans cette contre- révolution bourgeoise, comme la nomment certains, beaucoup ont été laissés sur le carreau. Et je ne parle pas de ceux qui vivaient dans le Caucase ou l’Asie Centrale. Là, cela se réglait au couteau et il s’agissait, pour la population d’origine russe, de se sauver, ni plus ni moins.
Dans les pays Baltes, les Russes sont devenus et sont toujours des apatrides. Que la Communauté internationale, l’Union Européenne ignorent.
Une fois par semaine une émission de 30 minutes disponible en podcast. Depuis le 24 mars.
" Mon année 1991". Tatiana Oustinova.
Tatiana Oustinova est une femme écrivain de polars humoristiques. Elle anime aussi une émission télévisée, où elle reçoit des personnalités du spectacle, théâtre de préférence.
En 1991, c’était une jeune maman, (née en 1968), ne travaillant pas, mariée à un chercheur "possible prix Nobel", dit-elle.
L’entretien qu’elle accorde à Spoutnik, Ria Novosti, dans ce cadre est savoureux. Vivant.
Je vais commencer par elle. Extraits
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" Les gens ne rêvaient que de blue-jeans... Que n'en a-t-on importé un container, pétrole contre jeans ?
Jeune maman au foyer, elle était mariée à un génie de la physique qui s’est retrouvé rond-de-cuir dans une banque. La Russie, selon ses nouveaux maîtres, n’avait besoin ni d’école, ni d’universités, ni de recherche fondamentale. Mais, il s’est assuré une nouvelle formation d’ingénieur, pas dans la recherche fondamentale, ce qu’elle regrette. Gâchis.
En 1991, au moment du " putsch, en Août elle était loin de toute la grande politique. Comme des millions de citoyens. Occupée par un quotidien encombré par la pénurie des produits de première nécessité.
Les tanks étaient dans le centre de Moscou. Il fallait aller défendre " la jeune démocratie russe" , ce que fit son mari. Mais ajoute-t-elle, on voit bien aujourd'hui ce qu’elle est devenue, cette jeune démocratie...
À elle la parole :
Notre génération, ni celle de nos parents, qui avaient connu enfants la guerre, n’avaient jamais connu la révolution. Et là, on nous disait c’est la révolution...
C’était un état policier, pensions nous, mais nous étions cosmopolites. Nous étions tous les mêmes, Géorgiens, Caucasiens, Baltes. Là, en un clin d'œil, tout s’est délité. Ça a été la guerre, partout.
La grande révolution, ce fut l’ouverture des frontières. On n’y croyait pas. Aujourd'hui, à cause de la pandémie, les frontières avec la Turquie sont fermées, et on s’insurge. Alors, c’était pour certaines catégories, au mieux la Bulgarie ou la Tchécoslovaquie.
Quelques artistes, intellectuels avaient droit à l’Occident rêvé. Certains y restaient.
Pour quoi nous n’aimions pas l’URSS ?
Pour l’uniforme scolaire : c’était un nivellement par le bas, pensions nous. Et aujourd'hui, tous portent les mêmes vêtements : jeans, tee-shirt chinois. On repense à l’uniforme soviétique et on le trouve classe.
Nous étions toujours occupés à quelque chose : si notre grand-mère nous voyait devant la télé, elle nous houspillait : c’est pour les retraités...
Impensable aujourd'hui !
Pour ces cours imbéciles de marxisme-léninisme. Et pour l’absence de livres, à part le dernier ouvrage de Brejnev, en piles dans toutes les librairies. (Je me rappelle, étudiante, les avoir vues, ces piles...! J.B)
Les dirigeants au plus au niveau vivaient très simplement, si on compare à ceux d’aujourd'hui. C'est sans commune mesure. Il y avait un centre de repos, non loin de Moscou où une tante pouvait aller par son travail au Comité Central du parti. J’y allais aussi quelquefois avec elle. Brejnev y venait, sans escorte, se promenait dans les parcs. Personne ne faisait attention à lui.
Non, pas vraiment de nostalgie. Tout retour en arrière est impensable. "
Les russophones se régaleront de son récit.
Ce qui se dessine à travers ses souvenirs, c’est un autre monde, qui vivait sur de tout autres critères. Et la comparaison avec le pays actuel s’impose à travers ses propos.
Par exemple, l’ouvrier métallo, le plus indispensable à la vie du pays avait un salaire 4 ou 5 fois supérieur à celui d’un enseignant ou d’un médecin. Certains aujourd'hui chez nous, réfléchissant à une alternative politique et économique, envisagent ces échelles de valeurs.
Pour plus de réflexion je vous renvoie à mon article du 14 mars 2015, dans la rubrique 30 ans sans l’URSS.
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Le podcast pour les russophones. Savoureux et très riche.