À quoi bon aller voter ?

Du 17 au 19 septembre prochains,  les Russes votent. Le scrutin se déroulera pour la première fois sur 3 jours.

Or beaucoup s’interrogent sur l’utilité de leur vote. Non qu’ils ne s’intéressent à la politique,  mais ils ne voient pas l’intérêt car, non seulement rien ne change,  mais tout se dégrade dans leur vie.

C'est à argumenter sur leur nécessaire participation que s’etait collé mon ami de Oufa lors de précédentes élections. J’en reprends l’essentiel. 

Déjà en 2016, seulement 49% des électeurs s’étaient déplacés. 

On connaît bien ça. 

À quelques jours  du scrutin, les campagnes de presse contre les élus communistes s’accélèrent. Parmi les députés sortants beaucoup seraient impliqués dans des malversations et corruption.  Le conditionnel, car cela ressemble à des campagnes de bashing.

Comment imaginer avec la composition sociale de ses élus que Russie Unie soit exemplaire ? Déjà Pavel Groudinine, candidat KPRF, très populaire et qui avait rassemblé,  malgré tout, 11% des voix à la dernière élection présidentielle,  vient d’être retoqué de la liste du KPRF,  où il occupait la troisième place.  Pour  possession d’un compte offshore.  Rien n’avait été trouvé contre lui en 2018 et il avait pu être candidat. 

Revenons sur les arguments avancés pour convaincre l’électorat populaire de se rendre aux urnes.

Un électeur sur deux est découragé d’exprimer son choix  car les institutions sont faites pour permettre en dernier ressort au président de garder la main. Il nomme les 30 gouverneurs,  peut les démettre à son bon vouloir.  Les deux chambres ont le pouvoir d’annuler des décisions non conformes à "l’esprit" de la loi...etc..

On connait bien ça aussi, même si les formes changent : le résultat est identique. Impossible d’aménager,  de contrarier le cours politique des décisions par la voie représentative, dite représentative. En 30 ans de ces pratiques électorales démocratiques,  qu’on leur a fait miroiter comme le Graal, les citoyens russes ont fait le tour de la question. 

À  cela s’ajoutent les malversations lors des dépouillements. Cela modifie de 3 à 5% les résultats, disent les spécialistes. C'est autour de ce moment du dépouillement que la participation électorale peut changer la donne : plus les citoyens votent, plus il est difficile de remplir les cases vides...

Le KPRF a mené pendant des années des campagnes pour des élections "propres et honnêtes" (adjectifs très proches : чистые и честные). " Nous,  nous votons, mais ce n'est pas nous qui dépouillons" disait une électrice dans un reportage...

Aujourd'hui,  il doit mener campagne avec d’autres contre une pratique nouvelle : l’apparition de "sosies", aussi appelés "doubles" ou "spoileurs" ce qu’ils sont véritablement : des candidats aux mêmes noms, mêmes apparences physiques,  candidats pour semer le trouble parmi les électeurs.  Ce nouveau procédé ahurissant est mis en place face à des députés sortants d’opposition.  La plupart sont acceptés par la Commission Électorale Centrale,  qui ne va pas  gagner en grandeur et en estime. 

Car l’objectif des communistes est d’avoir malgré tout un groupe beaucoup plus fort, capable d’être au centre d’une coalition de gauche qui pèserait sur les politiques menées. Voire permettrait de changer de cap.

D’autant que les sondages indiquent une baisse sans précédent du parti présidentiel.

C’est pourquoi les pressions administrativo-politiques sur toutes les oppositions de gauche sont très fortes. 

À suivre. 

En lien,  la lutte contre le virus et la stratégie britannique...

Toute dernière minute : 

Vladimir Poutine vient de s’autoconfiner. Après de nombreuses rencontres avec des personnes porteuses du virus,  il a décidé de poursuivre ses activités,  dont certains sommets internationaux,  en visio conférences.

Déclaration officielle de Dmitri Peskov.

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Bonne nouvelle...