Chasse aux sorcières à Moscou ?

Publié le par Boyer Jakline

Le député communiste Rachkine est menacé de perdre son immunité parlementaire.  Le député communiste Rachkine est le responsable communiste de Moscou.  Le député Rachkine a  mené une campagne virulente contre le vote par correspondance à Moscou qui a permis de renverser purement et simplement les résultats et donner 30% au parti présidentiel et priver les candidats communistes de ces mêmes 30%, les ramenant à 18 ou 19%. Ce qui est encore trop pour le pouvoir.

Le député Rachkine s’est fait pincer car il a été pris en flagrant délit de chasse sauvage : un cerf dépecé a été trouvé dans son coffre de voiture, en pleine nuit, dans une forêt de Saratov. Il n’y avait ni la tête ni les sabots. Il n’avait pas de permis de chasse sur lui. Il dit que la bête était sur le bord du chemin,  qu’il l’a chargée dans son coffre. 

Le député Rachkine a fait preuve d’une incroyable naïveté. L’affaire ne quitte pas les médias,  même les associations de défense des animaux s’y sont mises.

Sa tête est désormais mise à prix. Son immunité parlementaire est fortement menacée.  Les plus hauts dirigeants veulent sa peau et vont sans doute l’avoir. Le procureur général l’exige.

Guenadii Ziouganov crie à la provocation.  En effet difficile de ne pas l’envisager quand le FSB doit le suivre,  et là, devait attendre dans les fourrés.

Le député Rachkine n’est pas un jeune homme.  On s’interroge vraiment sur son manque de vigilance.  Aujourd'hui ses explications changent, au gréde la pression,  forte, politico- médiatique.  Le KPRF a constitué sa propre commission d’enquête. 

Affaire à suivre. 

Dans la foulée,  un autre député,  jeune, bouillant, est mis en examen pour avoir perturbé le déroulement du vote par une vigilance agressive,  disent-ils. En province,  toujours la même région de Saratov d’où est originaire le président  Russie Unie de la Douma. 

Concernant la bête tuée,  certains commentateurs, proches du KPRF,  rappellent que le pays est dirigé par un homme qui adore la chasse à laquelle il s’adonne très souvent avec son ami, le ministre de la défense.  Et communique beaucoup à ce sujet. 

Il y a quelques années, le très populaire député-maire communiste d’Irkoutsk a été débarqué de son poste par le président lui-même pour incurie dans la lutte contre les incendies en Sibérie. Il est toujours la personnalité la plus importante de cette région. Son fils est toujours en prison,  depuis plus d’un an. Un dossier "malversations financières" a été retenu contre lui. Tous ceux qui ont été arrêtés en même temps sont déjà dehors. 

Cela a commencé avec l’interdiction de se présenter aux dernières élections,  3ème sur la liste fédérale du KPRF, de Pavel Groudinine, candidat communiste à l’élection présidentielle et qui a rassemblé plus de 11% des voix... malgré tout. Un "compte offshore"  aurait été découvert...

J’apprends aujourd'hui,  27 novembre,  que la député municipale communiste de Kaliningrad a été arrêtée. Ce sont ses appels à manifester qui sont en cause et son refus militant des QR- codes. Le 18 novembre dernier,  un député communiste de la région de Vladivostok  a été  arrêté pour  pédophilie.  Il se dit victime de campagnes de calomnie.

Et d’autres élus communistes subissent des pressions en tout genre dans leurs territoires. 

Bref, face à cette force qui monte, c'est toujours la même stratégie : dossiers "compromettants", répressions.

Dans son point de presse,  Guennadii Ziouganov évoque une véritable chasse aux communistes, répugnante, pas vue depuis les années 90. Elle compromet, dit-il, la stabilité du pays. 

Mon ami Roustem Vahitov consacre son dernier article dans Soviétskaya Rossia à l’histoire de l’immunité parlementaire. Comment elle est apparue dans les démocraties bourgeoises pour laisser la parole aux élus d’opposition. Comment la Russie tsariste l’a instaurée et rapidement supprimée, ce qui a eu pour effet de renforcer la détermination des électeurs vis-à-vis des élus d’opposition. 

Il rappelle que les députés bolcheviks en 1914 se prononcèrent contre l’entrée en guerre de la Russie,  qui n’avait pas été attaquée.  Accusés de trahison,  ils furent déportés en Sibérie. Foin d’immunité parlementaire. C'est février 17 qui les libéra. 

Comme souvent,  Roustem Vahitov,  universitaire et professeur de philosophie, mêle commentaires de l’actualité et véritable cours d'histoire. 

Publié dans Politique

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