Sur quelques "produits non essentiels"...

Publié le par Boyer Jakline

Parce qu’il faudra se souvenir aussi  que dans la phase 1 de "lutte contre la pandémie",  les lieux de culture furent décrétés non essentiels et interdits d’accès...

Par parenthèse,  cette décision et l’interdiction faite aux médecins généralistes de s’en mêler m’a immédiatement fait douter des stratégies dites sanitaires mises en place. 

Je vais consacrer cet article à deux moments uniques liés à la peinture russe et la créativité immense de cet art en Russie. 

Jusqu'au 22 février à Paris.

Jusqu'au 22 février à Paris.

À quoi bon consacrer un moment à ce évènement culturel déjà couvert en long en large par la presse lors de l’ouverture de l’exposition.  

C'est que les frères Morozov,  à l’origine de la collection, ont une histoire radicalement russe, oserais-je,  par leur parcours familial dans la Russie impériale. 

Les frères Morozov sont d’origine serve, le servage n’est aboli qu’en 1861. Leur aïeul,  Savva, est serf chez un comte dont il garde les troupeaux,  faisant fonction de cocher à l’occasion. La dot de sa femme lors de leur mariage,  5 roubles,  lui permet d’acheter sa liberté.  Savva Morozov est décédé en 1860. Il va créer un atelier de rubans de soie, qui va grandir jusqu'à permettre le développement d’usines.

Parmi la grande fratrie, deux vont se distinguer Mikhail et Ivan, esthètes géniaux, qui vont traiter directement avec les artistes impressionnistes que la critique en France méconnaît et maltraite.  Depuis,  la Russie a la plus grande collection au monde de ces fantastiques créateurs.

 Leurs paysages blancs des mois durant souvent des ciels bas nourrissent chez les Russes le goût vif pour la couleur. 

Il y a aussi le bel hiver " soleil et gel" (Pouchkine) éblouissant et glacé. 

Oleg Tseltsov... chassé d’URSS en 1977.

Oleg Tseltsov... chassé d’URSS en 1977.

La version longue pour les russophones. Pensée profonde et langue russe magnifique.

J’ai découvert Oleg Tseltsov en mars dernier en lisant "Suprême soviète" d’Olga Schmitt qui m’avait été chaudement recommandé par des amis. Voir mon article du 14 mars. 

Il était vivant alors, il est décédé en juillet suivant, peu de temps après qu’il ait perdu la vue.

" Je ne suis pas d’ici, je viens d’ailleurs" cette autodefinition le résume,  si cela est possible. Я не здешний, я чужой...

Il fut le  beau père- père d’Olga Schmitt,  tombé éperdument amoureux de sa mère,  lui ce peintre de génie,  pas " antisovietique" mais "a-sovietique" inclassable et chassé d’URSS avec toute la famille en 1977. Bureaucratie mortelle, l’une des causes, incontestablement, de la chute de l’URSS.

Oui, il y a du génie chez ce créateur dont les toiles ne quittent les salles de ventes. Placement,  placement... Ni les salles d’exposition à Moscou.

 Loin de toute vie sociale. Là bas, comme ici, son pays d’accueil. Il avait acheté une maison à la campagne,  sa datcha française.  Dans un tout petit village haut-marnais, Osne-le-Val. Je connais cet endroit,  petite commune ouvrière,  lieu de naissance de la métallurgie française et de la Fonderie d’Art, au bord de la Marne. Pas de clinquant,  du labeur, une authenticité.  C'est là qu’il repose désormais. 

Publié dans Ici Bordeaux

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