De Napoléon en Napoléons : le rétrécissement du pays.
Actualité française oblige, mes impressions après mon séjour en Russie sont légèrement décalées.
Hier soir l’organisation du débat Attal, Bardella, Bompart confirme que nous sommes dans la même configuration qu’au soir du premier tour de l’élection présidentielle de 2022. 3 "blocs". Sans doute un début de reclassement des forces entre le bloc Macron et le bloc droite-RN, mais la porte reste entrouverte du côté du Nouveau Front Populaire. Ce qui explique l’hysterisation des commentaires dans tous les médias. De très engagés, ces "journalistes" sont devenus enragés. Mention particulière à Alix Bouilhaguet, du service public.
Je dois dire que j’ai résisté un quart d'heure à regarder le débat. La ruse ultime de ce moment politique c'est de faire porter ces vieilles politiques réactionnaires par des jeunes gens, arrogants briefés à mort sûrs d’eux.
Je pensais à nos dirigeants de 1789 qui avaient pratiquement tous moins de 30 ans. Pour le coup, ils ont fait du neuf.
Julian Assange est libre...Julian Assange est libre, comme un parent qui revient de loin.
Le moment politique : dissolution, aveu d’échec présidentiel.
Il y a le Napoléon historique, ineffaçable de la mémoire nationale, vaincu à la fin, mais glorieux.
Puis Napoléon-le-petit qui installe la bourgeoisie au pouvoir, à bien des égards nous vivons toujours dans ce cadre.
Puis vint le tout petit napoléon, qui incarne ce pouvoir antidémocratique, méprisant, hautain. Il faut sa position politique très ébranlée pour qu’il fasse confiance " à notre intelligence", après nous avoir copieusement insultés depuis 7 ans. C'est vrai qu’abstention et vote RN, près de 31 millions d’électeurs, sont un immense "dégage". Car le tout petit président dirige un pays rétréci que toutes ses décisions rétrécit : droit des salariés, libertés publiques, répressions policieres sauvages, soumission à l’OTAN, à Von der Leyen et Biden. Le pays disparaît.
Nous voilà bien !
Comment en sommes-nous arrivés là ?
La stratégie du "faire obstacle au FN-RN" dite stratégie des "castors" fait son dernier tour de piste ? C'est mon vœu. Il va bien falloir à gauche faire le bilan d’une stratégie qui en 22 ans a permis à cette force politique de prendre la place qu’elle occupe aujourd'hui. Sous un double effet : choisie par tous les pouvoirs pour assurer à peu de frais son maintien en place. "Moi ou le chaos" dit le pompier pyromane à l’Elysée. Il est passé maître dans l’organisation de ce chaos, à coup de 49,3 et de blindés dans les centres villes.
Et puis, prisonnière d’une Constitution qui organise les esprits et les votes : au premier tour on choisit, au second on élimine, la "gauche" a cédé la place. Tandis qu’au pouvoir, elle décevait en "gérante loyale des intérêts du capital". Ah, ces mots devastateurs de Lionel Jospin premier ministre : l’État ne peut pas tout. Sans doute vrai, mais alors on ne peut en rester au constat et voir les entreprises fermer les unes après les autres. Délocaliser dans des pays de l’Union Européenne qu’on chérit à longueur de discours et d’actes.
Le plus faible dans l’attelage, le glorieux PCF, fut le premier frappé quasi mortellement, et bien avant la fin du grand frère soviétique. Résultats électoraux à l’appui, à partir des Européennes de 1984 (!), la chute commence. S’en relèvera-t-il ?
Le PS, lui, a mis plus de temps à être disqualifié. Il en a fallu des reniements. Il faut le cynisme (?), le culot (?) d’un Hollande pour se représenter, impavide. Et faire la leçon.
L’accord fait à la va vite pour répondre au défi lancé par le président témoigne de cette volonté d’union "en bas", forte pour s’imposer "en haut". C’est la voie. Être les vigies. Ne pas être "représentés". On l'est si mal.
S’imposer.
Nouvelle Calédonie.
De Louise Michel aux Canaques : une même politique inhumaine.
En 1871, les Communards qui ne furent pas fusillés furent déportés en Nouvelle Calédonie. Parmi eux et elles, la grande Louise Michel. Elle établit très rapidement des liens, politiques et humains, avec le peuple autochtone, les Canaques colonisés.
2024 : 7 dirigeants indépendantistes sont déportés en métropole pour y être emprisonnés. 17.000 km de chez eux. Justement, est-ce chez eux ? La guerre que leur a déclarée le président furieux pose cette question brûlante. Parmi ces 7 rebelles, une mère de famille de 4 enfants. Et la Nouvelle Calédonie brûle à nouveau.
Et ils osent menacer de chaos ?
«Quand cet homme donc avait une fois ajusté ce qu'il appelait sa volonté à une chose absurde, il allait tête haute et à travers toute broussaille jusqu'au bout de la chose absurde.
L'entêtement sans l'intelligence, c'est la sottise soudée au bout de la bêtise et lui servant de rallonge. Cela va loin. En général, quand une catastrophe privée ou publique s'est écroulée sur nous, si nous examinons, d'après les décombres qui en gisent à terre, de quelle façon elle s'est échafaudée, nous trouvons presque toujours qu'elle a été aveuglément construite par un homme médiocre et obstiné qui avait foi en lui et qui s'admirait. Il y a par le monde beaucoup de ces petites fatalités têtues qui se croient des providences.»
Extrait de "Claude Gueux", Victor Hugo, 1834.