Séjour en Russie : après Moscou, la province. (2).

Publié le par Boyer Jakline

Je vais à Yaroslavl depuis 2011 pour raisons professionnelles. Mes collègues sont devenus des amies. Je les reçois chez moi, elles m’accueillent chez elles. 

5 ans d’absence et de tourments en tout genre,  personnels et communs, les retrouvailles sont émues. 

Apparemment, rien n’a changé : promeneurs profitant du beau temps,  enfin, centres commerciaux en centre-ville et en périphérie achalandés. Fruits, légumes, vêtements, jardineries...

Les bigarreaux d’Azerbaïdjan  sont délicieux. 500 roubles le kilo. Soit environ 5 euros. Pour le porte monnaie russe c'est différent : le salaire minimum est autour de 15.000 roubles par mois. Un enseignant du secondaire en milieu de carrière gagne entre 35.000 et 40.000 roubles par mois. L’inflation qui galope depuis près de 10 ans est un gros sujet de mécontentement. 

La guerre est là aussi. Ville industrielle,  qui a joué un rôle décisif dans la Grande Guerre Patriotique, arrière où les usines tournaient à fond, elle a été visée dernièrement par des drones qui ont été arrêtés. 

Nous sommes à 250 km de Moscou, à l’est, sur la Volga. À l’intérieur du territoire russe. Pour le mythe selon lequel désormais l’Ukraine est autoriséee par ses  curateurs à  viser le territoire russe. Merci, c'est fait et pas seulement sur les régions frontalières, martyr de Belgorod à 40km de la frontière avec l’Ukraine, où les cibles sont uniquement des civils.

Selon la coutume russe de l’accueil,  je serai invitée 2 fois au théâtre, je visiterai une exposition consacrée à Paris... je retournerai au magnifique monastère de Tolga, 15-20 km de Yaroslavl, couvent de femmes, où les touristes croisent les nonnes toutes de noir vêtues plongées dans la prière. 

Et, tout de même,  dans l’esplanade de la mémoire,  dans le cœur piéton de la ville, un nouvel hommage à tous les combattants de la Grande Guerre Patriotique,  ceux qui sont morts, ceux qui sont revenus aussi. Ces deux panneaux ont été créés pour le 9 mai 2024.

C'est aussi à Yaroslavl que j’ai vu pour la première fois les panneaux "Nos héros". Je les ai ensuite repérés, nombreux,  sur l’infinie avenue Lénine à Moscou. 

Les causes de cette guerre ne suscitent que peu de débats. "Ils sont là à notre porte". Ils, tout le monde sait de qui il est question.

Des jeunes gens de Yaroslavl sont sur le front. Une mère inquiète reçoit des nouvelles indirectes de son fils en fonction de la prime qu’elle reçoit mensuellement : plus elle est importante, plus près du front est son fils. La plus forte prime est 200.000 roubles. Mensuellement. Célibataire vivant chez sa mère, il a été mobilisé.

Intoxiqués de propagande, me suggère à mon retour un voisin avec qui débute une discussion... à son initiative. Il me dit être prêt à mourir pour la démocratie... Pas pour l’Ukraine. C’est au moins ça.  De plus en plus nombreux, les Ukrainiens ne sont pas prêts à mourir pour leur pays. Commencent à réaliser la mascarade criminelle.

La discussion s’arrête là,  à mon initiative. "laisse faire le temps, ta patience et ton roi"...

Alors oui, c'est un pays en guerre.  Et le mieux pour cette population est de continuer à vivre "normalement" . Pas de pleurs, ni de gémissements. 

 

Écouter le débat vraiment opportun que le Dialogue Franco-Russe a organisé hier.

Hommage aux héros de 1941-1945. Les visages des combattants forment le fond.
Hommage aux héros de 1941-1945. Les visages des combattants forment le fond.

Hommage aux héros de 1941-1945. Les visages des combattants forment le fond.

Héros 2024. Dans tout le pays.
Héros 2024. Dans tout le pays.
Héros 2024. Dans tout le pays.

Héros 2024. Dans tout le pays.

La Volga près de Tolga.

La Volga près de Tolga.

Vue du monastère à l’arrivée.

Vue du monastère à l’arrivée.

Gare de Yaroslavl, je rentre à Moscou, le 12 juin, fête  nationale jour de la Russie.

Gare de Yaroslavl, je rentre à Moscou, le 12 juin, fête nationale jour de la Russie.

Le débat bienvenu.

Publié dans Voyages : vaste Russie

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