Séjour en Russie : impressions.(1).
La vie moscovite :
je me promène dans Moscou, je retrouve mes marques, 5 ans d’absence tout de même. Je pense à ce message abasourdi que m’a envoyé une amie juste avant mon départ : sur LCI débat, tranquille, sur le bombardement nucléaire de Moscou. Mon conseil : ne pas regarder LCI.
On a raison d’évoquer " la civilisation russe".
La ville est étonnante, vivante, propre, sûre d’elle même. Des "trottinettes" partout, sur les larges trottoirs le piéton n’est pas seul. Gaffe. Sur ces trottoirs, il y a aussi les nombreux livreurs d’Ozon, la version russe d’Amazon, ou de Ouber... souvent en mobylette plus qu’en vélo, dimension de la ville oblige. Pendant mon séjour, nous explorons en voiture tous ces nouveaux quartiers immenses, impressionnants avec leurs tours de dizaines d’étages, 50 ? 60 ?peu de zones vertes, comme de nouvelles villes qui s’agrègent. Pour qui tous ces logements ? 12 millions d’habitants, au moins, dit-on. De temps en temps comme une respiration, un ou deux bâtiments soviétiques, 5 étages, 9 maximum, dans un parc. Promis à la destruction me dit l’ami au volant. Jamais en panne de créativité, mes amis appellent ces nouvelles constructions des fourmilières pour humains. En un seul mot en russe sur le modèle du mot fourmilière où vous remplacez fourmi par humain : человейник, (муравейник). Comment vivre dans ces bâtiments ? Qui ?
Quand j’arrive de mon Bordeaux humide à Moscou, il fait très chaud. Les rues sont pleines de promeneurs. La guerre ? Quelle guerre semble être la première impression. Elle sera la même en province, Yaroslavl, où j’ai rendez-vous avec mes amis. Pourtant dès que les rencontres sont plus intimes, bien sûr que la guerre est là, dans les têtes et sur les grands panneaux en ville "Nos héros". Des photos de ces jeunes soldats au front. Très jeunes. Si jeunes. Colère des gens. "On n’en voulait pas de cette guerre". Les Américains et l’OTAN. Pour comprendre cette réaction quasi générale, hormis les inconditionnels de la supériorité occidentale, il y en a, très minoritaires, mais ils existent, il faut relire l’article du 22 juin dans ce blog. Les Russes et la guerre.
Mais le débat peut se développer aussi entre générations au sein des familles de milieux aisés. La jeune génération, élevée à l’occidentale, ayant fait ses études en Europe, a du mal avec ce changement de pied. Le Donbass meurtri ? Ils ne connaissaient pas. La société russe dans son ensemble ignorait l’agression permanente. Seule force politique solidaire, le KPRF appelait à l’aide toutes ces années.
En même temps des jeunes gens russes poursuivent toujours leurs études en Europe, Grande Bretagne comprise. Bref, une situation générale plus dans le gris que le noir et blanc.
Les Russes et la guerre :
après tout, cela se passe sur leur seuil. Imagine-t-on l’armada russe aux portes du Mexique ? C'est à ce jour le seul argument que j’avance avec un certain succès pour faire réfléchir autrement mon interlocuteur français.
Bien sûr que cette situation a déjà des répercussions sur la société russe. D’autant que des partisans de la globalisation, s’ils se révèlent peu nombreux, relativement, dans la société, sont très présents à tous les niveaux du pouvoir. Le dernier appel du président russe à toutes les instances à agir comme mobilisés sur le front a ce sens.
Dans sa conférence de presse à Hanoï, Vladimir Poutine a évoqué les sanctions américaines à l’encontre des Coréens du Nord, sanctions qui affament la population. Il a souligné le caractère inhumain de ces sanctions et a parlé du siège de Léningrad où un de ses frères est mort de faim. Rare évocation.
Inutile de préciser que ses propos, ignorés chez nous, auront un très large écho dans (le très grand) reste de la planète.
Quel dirigeant européen, américain, français, "nos freluquets" trentenaires, comme les appelle une de mes amies, est marqué ainsi dans sa chair ? Facile dans ces conditions de vouloir encore une guerre, avec un hélicoptère prêt à vous évacuer si urgence.
Retour à l’actualité de la guerre.
Quand les attentats terroristes sont la stratégie pour suppléer à l’échec sur le "champ de bataille". Une plage, un dimanche, des missiles ATACMS américains et la logistique de repérage américaine. 6 sont envoyés, 5 sont arrêtés. Le sixième éparpille ses munitions sur une plage, un dimanche. Une stratégie qui rappelle celle de Netanyahu à Gaza.
Ne pas attendre une quelconque condamnation de l’ONU.
Et toujours cette question : pourquoi cibler des populations que l’on dit vouloir récupérer ?
Qui veut rester au sein d’une communauté nationale qui vous bombarde depuis 10 ans, Donbass, ou vous assoiffe, Crimée ? La Crimée a dû attendre 2022 pour que le canal d’arrivée de l’eau soit réouvert. Ce n'est pas une "mère Patrie", mais une marâtre.
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Sébastopol : au moins quatre morts, dont deux enfants, et 151 blessés dans une frappe ukrainienne
Une attaque de missiles ukrainiens, ce 23 juin, a pour l'heure fait au moins quatre morts, et plus de 150 blessés à Sébastopol, en Crimée, selon les autorités locales. Des fragments de missile...
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