L'année 2016 analysée par le PC russe (1).

Publié le par Boyer Jakline

Vu d'ici et de nos élites occidentales, l'opposition russe se limite à Navalny ou Khodorovski. Boris Nemtsov, tragiquement et stupidement assassiné, se situait dans la même mouvance.

 Or quelle est-elle?

Que ce soit de Suisse, avec l'oligarque Khororovski, ou de Moscou avec Navalny, il s'agit toujours d'une opposition " libérale", ou néo libérale. Entendez, se situant dans des politiques socio-économiques de libre échange et de mondialisation capitaliste.

Navalny a séduit 27% des électeurs aux dernières  élections municipales, à Moscou; mais il put être candidat car se sont portés garants pour lui, tel que l'exige la législation russe, 50 députés de Russie Unie, le parti présidentiel. Il a présenté sa candidature pour les présidentielles de 2018. Se veut le champion anti-corruption. A sa chaîne d'info sur youtube. Ce qui ne l'empêche pas d'être mêlé à bon nombre de scandales financiers.

 Avec Khodorovski, candidat également aux présidentielles de 2018, depuis son exil suisse,  il s'agit d'un représentant de l'oligarchie.

Il y a aussi l'omniprésent sur les plateaux TV Jirinovski, LDPR, le Le Pen Russe.


Pour trouver une opposition franche aux politiques libérales, il faut aller vers le KPRF, parti communiste de la Fédération de Russie, auquel j'ai déjà consacré un article, juillet 2015 entre autres. Il est beaucoup moins invité dans les débats. Et quasi exclusivement dans les débats sur la politique étrangère, extrêmement fréquents.... Evidemment.

Ce parti représente autour de 15% des suffrages. Son poids électoral a baissé en 2016 car l'abstention l'a pénalisé.  Il est cependant le seul parti réellement organisé dans le pays.

Vous verrez ce que dit Guennadii Ziouganov, dirigeant de ce parti, dans son bilan de l'année 2016. Véritable cri d'alarme.

Je  le publierai en deux parties. Publié en un seul article sur le site du PC russe. 

 

Article publié sur le site du KPRF, daté du 1er janvier 2017.

" Bilan de l'année 2016 : Les citoyens vivent, le rêve de l'URSS en tête.

Au moment de ce bilan nous séparerons la situation géopolitique dans le monde et le rôle qu'y joue la Russie et la situation intérieure russe, liée aux possibilités extérieures de notre pays et la  politique qu'elle mène.

Au plan de la politique extérieure, la Russie a continué à agir assez activement dans le cadre du concept de " monde multipolaire ", lequel est avantageux pour les détenteurs de capitaux et les propriétaires des moyens de production qui ne peuvent survivre et se développer que dans un monde où se maintiennent des économies nationales réelles. En effet, dans le monde contrôlé par le capital financier mondial, tout est subordonné à ce capital globalisé qui détruit toute économie nationale et tout sujet régional. Cette situation est particulièrement critique pour la Russie, car sa spécificité géopolitique, en cas de victoire d'un  " gouvernement mondial " laisserait sur le territoire de l'actuelle Fédération de Russie (FR), 20 à 30 millions d' " untermenchs " pour l'entretien des pipelines. Et là, les intérêts des capitalistes et bureaucrates russes " partisans du développement national ", correspondent en partie, peut-être pour une temps seulement, aux intérêts des industriels chinois, et  même nord américains.

En d'autres termes, une partie de la classe dirigeante russe, des exploiteurs, en cas de victoire de la  capitalocratie mondiale, perdrait quasiment tout.. Cette part de l' " élite " russe a besoin de l'existence des peuples, russe et autres, de notre territoire, car leurs capitaux se bâtissent sur l'exploitation de masses de travailleurs et sur le retour de notre pays en tant que sujet géopolitique, au minimum dans " l'espace postsoviétique ", pour une intégration eurasienne avec la perspective de la restauration d'un état unique ( ce qui n'abolit pas l'irreconciliable lutte des classes entre exploiteurs et exploités, cheminant momentanément ensemble, comme ce fut le cas, par exemple, en 1812 au cours de la défaite de l'incursion napoléonienne. ).  A l'opposé, le capital financier mondial a besoin d'un génocide le plus rapide possible des tous les peuples de la Fédération de Russie ( avant tout du peuple russe, fondateur d'un état), en vue de l'exploitation de toutes les ressources,  non de la population ( les ressources seraient arrachées aux possédants actuels, qui les ont eux mêmes pillés au peuple soviétique ).

D'où les événements de 2016 dans l'arène internationale. Parmi eux, la position russe en Syrie.

Il nous faut comprendre qu'en cas de chute de Bachar El Assad : a) des centaines de milliers de terrorristes feraient irruption en Russie, via l'Asie Centrale; b) le budget fédéral russe recevrait un coup critique car le Qatar pourrait directement fournir l'Europe en gaz ; c)La FR perdrait un instrument essentiel pour influencer la politique pétrolière globale; d) l'union politique " Moscou-Pékin-Téhéran " perdrait un maillon stratégique.

C'est pourquoi, la Russie, en dépit de certains actes inconséquents ( dont témoigne la chute de Palmyre, par exemple) a réussi à obtenir une importante victoire : conserver le pouvoir poltique de Bachar El Assad et sur le terrain miltaire assurer la  reprise d'Alep, le Stalingrad syrien. La FR a renforcé ses bases miltaires aériennes et maritimes au Moyen Orient,   et en son  " coeur ".

Notons les succès diplomatiques dans les discussions avec la Turquie, l'Iran et Israël ( qui, tout en n'aimant pas Bachar el Assad, a su conserver une relative neutralité sur le dossier syrien). notons un développement de la coopération avec la Chine ( République démocratique de Chine, RDC)

En même temps, la position du Kremlin sur l'Ukraine, extrêmement hésitante,  a permis à l'Etat nazi ukrainien de se renforcer pour constituer un " bélier " contre la Russie. 

L'ex-Ukraine se transforme très rapidement en Somalie ( ce qui explique le refus de l'U.E d'accorder aux ukrainiens un statut sans visa ) . Cependant la haine " des masses populaires " est savamment dirigée contre la Russie. Ici, le seul succès de la Russie est d'avoir conservé les républiques populaires de Novorossia (Donetsk, Lugansk), dans leur état ...Mais l'apathie grandit dans le Sud-est de l'Ukraine où pourtant jusqu'à ce jour se maintiennent les sentiments pro-russes ( il n'est que de voir le succès des " flash-mob " de chansons soviétiques dans les villes ukrainiennes ). Dans ces conditions, le monstre ukrainien- bandrériste, lui, continue de croître et tôt ou tard passera à l'offensive.

C'est pourquoi la décision du tribunal Dorogomilovski de Moscou  de déclarer la junte de Kiev nazie et usurpatrice, et " Maïdan" un coup d'état, nous donne un puissant argument juridique pour la restauration en Ukraine de l'ordre constitutionnel et procéder à une dénazification inconditionnelle.

La victoire aux élections de candidats pro-russes en Moldavie et Bulgarie représente une petite consolation ( un d'eux, Igor Dodon, a déjà eu le temps d'enlever le drapeau de l'U.E de son administration et de limoger so ministre de la défense pour " flirt avec l'OTAN ).

On peut aussi apprécier comme un certaiin succès la signature du nouveau code des Douanes de la Communauté Economique Eurasienne par les dirigeants de la FR, de l'Arménie, de la Biélorussie, du Kazakhstan et de la Kirghizie ( bien que l'absence lors de la signature d'Alexandre Loukachenko, très critiqué par les libéraux russes, et les tergiversations du président kirghize, Atambaiev, aient jeté une ombre sur la réunion).

Enfin, la victoire du candidat Trump, partisan lui aussi d'un " monde multipolaire " ( on constate une fracture dans la situation globale de la planète au profit des partisans d'un " monde multipolaire "), victoire obtenue non sans un " soutien moral " de la Russie, tout cela donne un sursis important à la Russie.

Mais ce temps là ne pourra être pleinement utilisé qu'à la condition que se produise un changement radical dans la politique intérieure de la Russie, ce qui, malheureusement, ne peut être observée. Plus, la privatisation en cours des richesses du pays se poursuit, qui plus est au  bénéfice d' entreprises étrangères...."

 

Fin de la première partie. 

Je publierai la suite demain.

Publié dans Politique

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