Cancel culture : touche pas à mon Kant ! (2).

Publié le par Boyer Jakline

Emmanuel Kant 1724-1804 a vécu toute sa vie à Koenigsberg, l’actuelle Kaliningrad. 

Koenigsberg au destin tourmenté en raison de sa position géographique particulièrement avantageuse, fut un temps protectorat de l’empire russe sous l’impératrice Élisabeth 1ère,  fille de Pierre Le Grand. Elle accorda à la ville des privilèges pour assurer son rayonnement. 

Emmanuel Kant mourut donc "sujet de l’empire russe".

Mais, en fait,  là n’est pas la question. 

A l’occasion du tricentenaire de sa naissance, le président russe a adressé un message au comité philosophique réuni en son honneur.

Ce communiqué, venant après de très nombreuses références à Kant par le président russe depuis des années, a mis le feu aux poudres. 

Le président allemand Scholtz a tenté d'interdire à Vladimir Poutine toute référence à Kant, de se "l'approprier", d'en faire le label de Kaliningrad.
Traduction en suivant de l'article de Die Welt, 23 avril dernier. Extrait.

Un nouveau déboire de la cancel culture : la culture est ce qui rassemble, ici, pour Scholtz et sans doute l'élite allemande au pouvoir, c'est ce qui divise. "Touche pas, c'est à nous". Ridicule ? Médiocre ? Insensé ? 

 

 

En janvier dernier, Vladimir Poutine rencontrait les étudiants des universités de Kaliningrad.
Extrait de sa déclaration :
"Kant est parmi les plus grands penseurs, ses invitations à vivre selon son esprit sont toujours d'actualité. Emmanuel Kant considérait que l'on peut par la logique démontrer l'existence de Dieu, ce sont des choses complexes... mais elles suscitent l'intérêt, cela a du sens de lire , pénétrer ce qu'il a dit, écrit, pensé. Son invitation à " vivre par son esprit" est comme jamais d'actualité."
 
 
Berlin, le 23 avril. Ria Novosti.
 
Le chancelier allemand, Olaf Scholtz a déclaré que le président russe Vladimir Poutine n'a pas le droit de citer le philosophe allemand Emmanuel Kant. Dans l'édition de Die Welt.
"Poutine n'a pas le moindre fondement pour se référer à Kant", a déclaré le chancelier, prenant la parole devant l'Académie des sciences de Berlin-Brandebourg, à l'occasion de la cérémonie officielle pour le tricentenaire de la naissance du philosophe.
Il affirme que les autorités russes "tentent à n'importe quel prix de s'approprier Kant et son oeuvre, alors que les représentations sur la paix du penseur sont en totale opposition avec la position russe sur l'Ukraine".
Propos sur "la paix" bienvenus, alors qu'une partie de l'opinion publique allemande s'interroge sur le message qu’envoie leur pays aux Russes avec ses tanks dans les plaines d'Ukraine.
 
Vladimir Poutine, quant à lui, a fait sienne depuis des années (son expression publique date de 2013) le " vivre par son esprit" de Kant, soulignant que bien des êtres et des dirigeants ont perdu le sens de cette maxime.
 
Finalement, cette empoignade autour d'un philosophe majeur, patrimoine de l'humanité, comme Socrate, Rousseau, ou Galilée, monsieur Scholtz, a tout de même quelque chose de rafraichissant dans la médiocrité ambiante à quoi nous sommes condamnés.
Peut-être le chancelier allemand devrait-il  s'assurer que la jeunesse allemande connait Kant, sa vie, son oeuvre ? 
 
Reste que se confirme ainsi l’essentialisme des élites allemandes : verser une compensation aux descendants des victimes du blocus de Léningrad si elles sont juives. Et tant pis pour les tsiganes, roumains homosexuels,  communistes,  démocrates, soviétiques ... Mal éradiquée, la bête est toujours là.
 
 Le tombeau d'Emmanuel Kant devant la cathédrale de Kaliningrad.
Могила немецкого философа Иммануила Канта у стен Кафедрального собора в Калининграде - РИА Новости, 1920, 23.04.2024

Publié dans Humeur

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