Et pendant ce temps, où en sont les russes?

Publié le par Boyer Jaakline

50% des russes souhaitent une amélioration des relations avec les USA, ce qui ne veut pas dire que 50% y sont opposés.
50% des russes souhaitent une amélioration des relations avec les USA, ce qui ne veut pas dire que 50% y sont opposés.

J'ai déjà parlé du Lévada-Tsentr, ou Centre Lévada, premier institut de sondages, non gouvernemental, créé en 1988 . Il porte le nom de son fondateur, sociologue, (1930-2006).

Parmi les centaines de sondages réalisé chaque année, il y a les sondages "omnibus" où le même "panel" est consulté plusieurs fois par an :

Soit 1600 personnes de plus de 18 ans, dans 45 régions et 130 villes et villages.

Le Centre Lévada collabore avec la CEI et les états baltes. Il coopère aussi avec des instituts européns et américains.
La marge d'erreur est estimée à 3,4 %.

Dans les années 89-90, à la question posée : " La Russie a-t-elle des ennemis? " , une grande majorité de Russes répondaient "Non". En effet à quoi bon se chercher des ennemis quand nous sommes assez bons nous mêmes pour nous nuire...analysait l'Institut de sondages.

Mais avec le rétablissement de la situation économique et sociale, avec une vie un peu meilleure,  (ce n'était pas difficile de faire mieux , après le désastre de la chute), qui correspond aux années Poutine, la méfiance, parallèlement, a crû. Au début des années 2000, 50% des sondés pensaient que la Russie avait des ennemis. Ce chiffre est monté à 80% aujourd'hui, avec un sentiment de "forteresse assiégée" qui n'existait pas en 1990.

Un dernier sondage que je voudrais évoquer a été fait le 17 novembre dernier. Il nous concerne également, puisqu'il s'agit du "prix des sanctions occidentales, dans la tête des russes".
Si les derniers sondages de novembre indique une certaine lassitude face à la situation en Ukraine, une majorité forte continue de soutenir la direction prise par le président.

La hausse des prix et la dégradation de la situation économique font partie de la norme pour le russe moyen depuis 20 ans. Aussi, pour le moment, la dégradation en cours ne se fait pas ressentir dans l'opinion. Les sanctions sont dans l'ensemble incomprises et vues comme geste d'hostilité à l'égard de la Russie. L'embargo décidé en réponse parait justifié. Cela, d'autant que le débat sur la relance de la production agricole nationale est antérieur aux sanctions. "Il faut produire ce dont nous avons besoin, et pas acheter à l'étranger".

De plus, la dégradation actuelle de la situation économique a des causes plurielles : la chute du prix du pétrole en particulier. Ce qui préoccupe plus les russes, ce sont la corruption et la spéculation. Symptomatique, le débat sur le prix de la "gretchka" (gruau de sarrazin) qui s'envole, alors que la production est largement suffisante.

Si la consommation a baissé, c'est surtout dans les milieux où elle était en hausse ces dernières années. Or, ce n'est pas la majorité de la population, loin de là. La hausse des prix constatée aujourd'hui est vécue plutôt sans angoisse, car les prix augmentent chaque année, cette année, un peu plus vite.

La crainte des répercussions des sanctions était plus grande au mois d'août que maintenant.   Pas d'angoisse par rapport à la politique de sanctions et d'embargo.

Le sentiment est que la Russie est à nouveau un grand pays, qu'on la craint et si c'est le prix à payer, pour le moment, ce n'est pas terrible. Cependant, quand est posée la question de la Crimée, une majorité est d'accord pour le rattachement, pensent qu'il ne faut pas la rendre, mais ne sont pas prêts à perdre de la qualité et du niveau de vie pour elle.

Par contre, la majorité des russes ne connaissent la qualité de vie des européens que par la télévision. C'est pour le moment inaccessible pour eux, ils le savent et s'en accommodent. 

13 à 15% de la population répond oui à la question "vous sentez vous européen?". Ce chiffre double parmi ceux qui voyagent en Europe. En se détournant de l'Europe, la Russie retrouve un certain leadership et c'est cela qui est important pour cette population qui vit exclusivement en Russie, une très grande majorité.

C'est ce que soulignait dès le mois d'août une sénatrice de Californie, qui était contre contre les sanctions: "les russes sont courageux, cela n'aura aucun effet sur eux."

Du coup, je me demande, et d'autres avec moi, quels sont les buts cachés(?) de sanctions, dont nos économies occidentales payent le prix. Sans compter le coût, inestimable, en termes de tension internationale et de sécurité.

 

En complément, les chiffres d'un sondage réalisé le 25 novembre : une écrasante majorité est contre l'entrée de chars russes dans le DONBASS, même si la situation devait encore s'exacerber.  Ce qui souligne ce sentiment: les russes ne veulent pas la guerre. Les 26 millions de morts et la catastrophe humaine, nationale, de la deuxième guerre mondiale, (grande guerre patriotique, chez eux 1941-1945) sont là. Au passage, sait-on que la famille de Vladimir Poutine, originaire de Léningrad ( St-Pétersbourg, aujourd'hui ), a subi le siège et ses 900.000 morts, et qu'un frère y est mort ?

Je rappelle que, dès 1991, la Fédération de Russie a reconnu l'état ukrainien. Ce qu'on sait moins, c'est que la Crimée, consultée comme toutes les autres parties ukrainiennes, avait voté, dès 1991 donc, pour son rattachement à la Russie.

Les relations commerciales, économiques jouissaient de rapports privilégiés, favorables.

  Ils ne pouvaient pas rester en l'état après l'accord de l'Ukraine avec l'Union Européenne.

Les taxes douanières, en particulier, sont appelées obligatoirement à changer.

 

 L'état d'esprit que révèlent les sondages doit être pris en considération . 
Il nécessitera de ma part un commentaire, dans un prochain écrit.

Publié dans la vie comme elle va

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