Trump-Biden : ruptures et... continuité.

Publié le par Boyer Jakline

Une nouvelle fois,  l’analyse des événements américains par la Russie  officielle ou le KPRF  rencontre mes propres réflexions. 

L’intérêt de ce blog pour moi... 

Donc, des  multiples déclarations de Zakharova ou Lavrov  à  celles  de Ziouganov, en passant par les propos très personnels de Karen Sharnazarov,  une même image se dessine. 

Synthèse. 

" Quand il en aura fini avec Trump,  Biden s’attaquera à la Russie " déclare Ziouganov dans un entretien.  

Ce qui ne veut pas dire que la Russie n’est pas dans le collimateur depuis bien longtemps déjà et les sanctions pleuvent comme à Gravelotte. La pression américaine pour empêcher le fonctionnement de Nordstream 2, et l’achèvement des travaux,  150 km, en témoigne.  Tous les pays concernés ont donné leur accord pour ces travaux,  mais  rien n’y fait.  Sanctions financières insensées pour les entreprises participantes. Pourtant la Russie affirme que ce gazoduc va livrer du gaz, moins cher,  à  l’Allemagne et de là à toute l’Europe. 

Aux dernières nouvelles,  l’Autriche vient de refuser d’honorer son contrat avec Nordstream 2, par crainte des représailles annoncées du gouvernement américain.

Aux dernières nouvelles encore,  en Allemagne désormais des voix s’élèvent pour arrêter le projet pour exiger la libération d’Alexéï Navalny. Il est  rappelé au passage que Joe Biden,  devenu président, était contre le gazoduc.  Rupture et continuité. 

Ce monde où nous vivons ! 

Au passage,  bien sûr,  ne pas oublier que la rente gazière ne profite guère au bien-être des populations russes.  Des régions entières n’en sont pas approvisionnées.

Pourtant cette lutte nous concerne et pas seulement pour la facture à l’arrivée. 

Dans les désordres économiques d’abord et  politiques ensuite,  les États-Unis ont besoin d’un ennemi extérieur et la Russie est le meilleur candidat,  ancien,  dans ce rôle.  C'est  une théorie largement partagée. Les élites au pouvoir aux États-Unis ne peuvent laisser penser que les problèmes gravissimes de leur société sont nés de leurs propres organisation et choix. Comment envisager la chute,  en cours, de l’empire ?

Cette chute,  dit Sharnazarov,  était prévisible. Elle peut durer longtemps,  mais elle est déjà commencée.  Ainsi,  analyse t il, le XX e congrès du PCUS, 1956, a marqué la fin de l’URSS,  qui s’est matérialisée en 1985, puis 1991.

Je vais  rendre compte de son analyse. Il est le seul, invité très  souvent dans les grands débats, à  se réclamer de l’URSS et de Lénine et à les défendre becs et ongles. Très proche de Vladimir Poutine aussi. Complexe Russie,  passionnante Russie. 

Karen Sharnazarov vient de proposer une nouvelle version d’Anna Karénine, que je n’ai pas encore vue. L’histoire est racontée par Vronski âgé et le fils d’Anna,  sur fond de guerre russo-japonaise.

La Chine est le grand concurrent économique.  Évidemment,  tout rapprochement russo- chinois est très mal vu à Washington. Chez certaines élites russes aussi.

Dans les communiqués quasi quotidiens du Ministère russe des Affaires étrangères, via Maria Zakharova   il y a la dénonciation des pressions du FBI sur les journalistes russes en poste aux États-Unis  et le récurrent mythe des hackers russes qui manipuleraient toute la société américaine...

Avec l’entretien accordé par Dmitrii Peskov,  porte-parole du Kremlin,  le point de vue officiel apporte un éclairage,  dans l’obscurité coupable où nous sommes maintenus.

Puis  l’analyse de Karen Sharnazarov permet une mosaïque dense.

Karen Sharnazarov,  8 minutes limpides dans une émission débat hebdomadaire de plus de 2 heures. 

" La  crise politique aux États-Unis est objective et prévisible.

Si l’on se réfère à l’histoire et aux analyses de Marx et de  Lénine,  ces processus sont inévitables. En dehors des questions  de personnalités. Je constate que beaucoup de politologues russes se tournent vers les analyses marxistes, précise-t-il ironiquement. Même les plus fervents défenseurs du libéralisme et de la propriété privée. Moi, j’ai toujours affirmé ce point de vue. 

 Ce que l’on appelle les élites,  c'est la  grande bourgeoisie américaine.  Ce système a été inventé par des gens talentueux, efficaces,  tous des  patrons.  Mais là,  il est  au bout.  Il ne peut répondre aux nouvelles exigences du pays,  tel qu'il est devenu.  Trump est un symptôme.  Il est à  l’extérieur.  Le virus lui est dedans.  Il est  toujours là. Trump est un homme de pouvoir. Il a fait apparaître cette maladie. La classe politique démocrate voit bien que quelque chose mijote dans les profondeurs de la société, mais elle n’est pas en état de faire quoi que ce soit. Ils ont tous 80 ans. Mark Zuckerberg, lui, ferme les comptes de Trump. Il réagit en personne de sa classe. On a perdu l’habitude de raisonner en terme de classe. Pour préserver ses intérêts,  cette bourgeoisie va interdire, elle n’a pas le choix. Et elle interdira encore. Ou bien,  elle est consciente du problème et va tenter d’agir dessus.  Ou bien elle ne pourra ni voudra le faire.  C'est  un processus révolutionnaire qui est engagé. Nous sommes dedans.

Les Etats-Unis sont une idéocratie (concept élaboré en 1937 par un philosophe russe émigré aux USA. J.B) C’est à dire qui ont une vision mondiale de leur rôle,   reconfigurer le monde suivant leur idéologie: comme l’Empire romain,  le Troisième Reich... ou l’URSS.

Ce que n’étaient pas les empires coloniaux britanniques ou portugais. 

Et nous assistons à  l’effondrement de cette idée. Pour les États-Unis,  c'est une catastrophe.  La seule façon de consolider,  c'est d’avoir un ennemi extérieur. Donc la  confrontation avec la Russie va se poursuivre et le paradoxe c’est que nous aussi avons besoin d’un ennemi extérieur,  nous n’avons plus  d’idéologie,  nous y avons renoncé. 

Regardons notre grand voisin à  l’Est: ils ont l’idéologie et une fameuse organisation.  Ils prennent de la force pour devenir leader mondial. 

Quand tout cela adviendra ? 

Pour nous contemporains c'est difficile de savoir.  C'est peut-être déjà advenu. Pour les États-Unis et pour la Chine

Je  considère que l’URSS est morte  au XXe congrès en 1956, quand nous avons renoncé au monopole de l’idée communiste. Et 30 ans se sont écoulés avant la chute. Avec, en 1991,  la destruction de la statue de Dzerjinski. 

Oui, c'est peut-être déjà advenu et il est temps pour nous de le réaliser."

 

Publié dans geopolitique, Ici Moscou

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