27 juin 1905 : la révolte des Potemkine...

Publié le par Boyer Jakline

L'affiche du film de " Sa Majesté "Eisenstein.
L'affiche du film de " Sa Majesté "Eisenstein.

Je publie là de larges extraits de l'article de l'historien Gilles Candar, publié dans l'Humainté, journal de Jean Jaurès, le 26 juin dernier.

Pour ne pas oublier Potemkine.

1789-1871-1905-1917, des dates en miroir qui écrivent aussi les liens entre les peuples français et russe .

" En juin 1905, la nouvelle de l’insurrection des marins du cuirassé russe provoque l’intérêt, l’inquiétude et la passion. Dans " l’Humanité " , Jaurès s’enthousiasme pour

" la révolution russe ".

La révolte le 27 juin 1905 des marins du Kniaz Potemkin Tavritcheski demeure un des événements révolutionnaires les plus ­saisissants du siècle dernier, bien présente dans nos mémoires grâce au film de Sergueï Eisenstein (1925) et à la chanson de Georges Coulonges (1965) interprétée par Jean Ferrat. Sans doute, chacun sait bien ou devine qu’un certain nombre de remarques ou de correctifs historiques seraient à apporter, mais est-ce l’essentiel ? Si la révolte a connu un tel retentissement, c’est bien que le basculement de la force militaire du côté de la révolution semble annoncer « un monde où on n’est pas toujours du côté du plus fort ». L’événement secoue bien au-delà des frontières de l’Empire russe. En France, notamment, l’opinion suit avec attention les craquements de l’empire et les aléas de la révolution. Avec inquiétude parfois, car la France, république isolée dans une Europe monarchique, est depuis une douzaine d’années l’alliée diplomatique et militaire de la Russie. L’ensemble des classes moyennes investissent massivement dans ses emprunts, si sûrs puisque garantis par le ­gouvernement impérial. Pourtant, la Russie est aussi le bastion de la réaction, et toute la tradition libérale et ­républicaine, sans parler du mouvement socialiste, espère une évolution du pays, que celui-ci connaisse au moins son " 1789 "…

...Après la défaite russe face au Japon (1904-1905), le moment semble venu. Des réformes sont réclamées de toutes parts en Russie. Lorsque le tsar fait fusiller des militants pacifiques, le dimanche 9 janvier (22 janvier, selon notre calendrier), Jean Jaurès titre aussitôt son éditorial dans l’Humanité : « La mort du tsarisme. » Il multiplie les articles sur « la révolution russe » puisque grèves, manifestations et troubles s’enchaînent dans tout le pays. La solidarité n’est pas seulement l’affaire des responsables politiques ou syndicaux : elle est ressentie, voulue et exprimée dans toutes les régions.

Lors des obsèques de Louise Michel, ce même 22 janvier, Zéphirin Camélinat compare la Commune de Paris au mouvement naissant en Russie. Des meetings sont organisés, une souscription publique lancée avec succès, d’autant que la campagne favorise le rapprochement entre organisations socialistes en voie d’unification au sein du Parti socialiste, section française de l’Internationale ouvrière (avril 1905). Le Temps, le grand journal libéral de l’époque, remarque avec aigreur : " L’affaire russe vient à point nommé pour exhiber monsieur Allemane, monsieur Guesde et monsieur Jaurès sur la même estrade. ".......

l’événement avec les mots de Jean Jaurès

" Ce n’est point la mutinerie vulgaire de soldats mécontents de la mauvaise qualité de leur soupe. Ces hommes engagent héroïquement la lutte contre tout le système gouvernemental. C’est avec un sens magnifique et presque religieux de la mise en scène de révolution qu’ils exposent sur le quai d’Odessa le corps de leur camarade tué par le revolver d’un officier (…). Symptôme grave. Des officiers sont avec eux. Parmi ceux-là même qui commandent, il en est qui sont saturés d’humiliations nationales ; il en est dont la conscience ne soutient plus le métier de bourreau auquel le tsarisme condamne l’armée. Symptôme plus grave encore. Ce n’est pas une révolte locale et isolée. Odessa est un champ d’opération révolutionnaire merveilleusement choisi, puisque la population du port est formée pour une large part de juifs et d’Arméniens, c’est-à-dire des deux catégories de population sur lesquelles le tsarisme a le mieux exercé sa puissance de meurtre. "

Jean Jaurès, « La Révolution russe », dans l’Humanité du 1er juillet 1905......

La répression sanglante

Deux ans après la révolte, le tsar Nicolas II promet une amnistie aux révolutionnaires de 1905. Cinq des mutins réfugiés en Roumanie rentrent en Russie. Parmi eux, Matiouchenko. Reconnu à la frontière, il est arrêté et pendu. Les autres sont envoyés en Sibérie.

7 C’est le nombre de condamnations à mort prononcées parmi les mutins demeurés en Russie après la révolte ; 19 sont condamnés aux travaux forcés en Sibérie. "

Publié dans société

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