Qui est en prison en Russie ?

Publié le par Boyer Jakline

Ici, il ne sera pas question des "droits communs", ce que nous appelons droits communs. 

Sujet sensible s’il en est, puisque tous les leaders occidentaux derrière Biden multiplient les interventions pour sauver le soldat Navalny. Vraiment le soldat. 

 

Je  ne dirai que pour mémoire que  ces mêmes laissent pourrir en prison de Haute sécurité à Londres Julian Assange.  Les mêmes se désintéressent complètement de l’incarcération comme gestion politique des jeunes afro-americains aux États-Unis : le tiers des prisonniers alors qu'ils représentent 10%de la population (source Angela Davis). Ainsi, il y a plus de gens en prison aux États-Unis qu’en Chine et Russie réunies.

Jane Fonda,  83 ans, participe depuis quelques mois à des vendredis contre le réchauffement climatique. Arrêtée deux fois, elle explique qu’ une troisième arrestation signifierait 3 mois de prison.  Ce qu’elle ne peut envisager à son âge. 

Oui, balayer devant vos portes : problèmes intérieurs à la société américaine ?  Soit. C’est l’argument répété inlassablement par le ministère russe des Affaires étrangères : Navalny est notre problème. Balayez devant votre porte. 

Dernièrement,  une  session du Parlement Européen a donné lieu à des interventions musclées d’élus s’insurgeant de ce parti-pris boiteux des élites occidentales. Ainsi un député espagnol a rappelé que des dirigeants indépendantistes catalans avaient été  condamnés de 9 à12 ans de prison sans aucune indignation de ce Parlement. 

Rappelons que Alexéï Navalny a été  condamné à 3 ans et demi et 10.000 euros d’amende.

Une députée irlandaise,  très en colère,  a rappelé le sort de Julian Assange et d’une activiste pacifiste américaine, âgée, qui vient d'être envoyée en prison.  Silence radio dans cette  instance.  Elle dénonçait la russophobie à la base de ces campagnes,  négatives, jugeait-elle, pour les intérêts bien pensés des Européens. 

Ces débats,  je les ai vus dans des débats politiques sur de grandes chaînes publiques russes. 

Chez nous,  c'est l’omerta et un monde est reconstruit, loin de toute réalité. 

La chape.

In fine,  sous tous les cieux, cela fait beaucoup de prisons !

Revenons aux prisonniers politiques en Russie  qui n’émeuvent pas nos occidentaux.  Il y a Serguei Oudaltsov, dirigeant du Front de gauche,  qui fait sans cesse  des aller-retour, interdit régulièrement de manifestations. 30 jours de prison par ci, 3 mois par là...

  De nombreux élus communistes se trouvent suite à des procédures contestées,  privés de leurs mandats. Se retrouvent en prison pour certains. Particulièrement en Sibérie où les communistes ont conquis une région importante et des municipalités.

Mais ceux là n’intéressent pas nos "démocrates",  russes non plus.  Se souvenir que les amis de Navalny veulent interdire le Parti communiste,  "comme en Ukraine ", " quand ils seront au pouvoir". Donc, ne nous trompons pas sur ce qui se joue autour du soldat Navalny. Soldat de quelle cause ?

Un intellectuel moscovite, Nikolaï  Platochkine,  créateur de la plate-forme politique  " Pour un nouveau socialisme" est depuis le mois d’octobre assigné à résidence et interdit de toute sortie. Malgré une pétition signée par nombre de créateurs prestigieux ( oui, ils existent,  hors des colonnes du Monde),  le tribunal a prolongé de 2 mois, en janvier, son assignation.

Arrêté le 4 juin chez lui, cet universitaire réputé  est accusé d’avoir appelé à des manifestations violentes

Nikolaï Platochkine.

 

Certains élus de droite, trop populaires,  se voient mis en cause et emprisonnés au nom de faits très anciens,  ressortis opportunément quand ils font de l’ombre à des élus  Russie-Unie, rejetés par les électeurs. Par exemple, le maire très populaire de Khabarovsk. Celui-là avait eu droit à quelques échos dans la presse occidentale...

Mon article en lien. Excellente analyse panoramique que j’ai traduite.

Ainsi va la Russie,  qui avait déclaré il y a des années vouloir construire sa démocratie, en prenant modèle sur le monde occidental, reconnaissant : "nous ne sommes pas une démocratie". 

Mais au moment où la France vient d'être classée " démocratie défaillante", le modèle est peu engageant. Rappelons aussi qu'en France quelques milliers de Gilets Jaunes sont  toujours en prison. 

La Russie cherche sa voie,  entre passé révolutionnaire et présent oligarchique. 

Ce qui est très  récent, c'est sa volonté de ne plus chercher d’inspiration auprès de cet Occident suffisant...et malade, estiment-ils. Jusqu'à chercher un nouveau nom, non pas démocratie mais retour aux  racines russes : pouvoir du peuple. 

C'est ce qui se dit dans une partie des sphères du pouvoir. 

Dans l’opposition de gauche, KPRF en tête, on dit  nationalisations et socialisme. 

Félix Dzerjinski devant le siège du FSB, ex KGB.

La Douma de Moscou doit examiner la demande d’un groupe de citoyens et de personnalités,  non des moindres,  bloggeurs, écrivains  journaliste, parmi lesquels Zakhar Prilépine et Alexandre Prokhanov, de rétablir sur la place Loubianka la statue de Félix Dzerjinski,  fondateur de la Tchéka. Un des grands artisans de la Révolution d’octobre.  Un des plus honnis des nouveaux maîtres. Ce fut la première statue déboulonnée. A la place aujourd'hui, une pierre ramenée d’un des Goulags. 

Cette demande avait déjà été  déposée par le KPRF,  il y a quelques années. 

La Douma pense qu’une telle proposition devrait être soumise au vote des Moscovites...

Le débat s’emballe ces derniers jours.  Plus d’associations soutiennent la demande,  tandis que d’autres s’interrogent : qui donc a besoin de ce retour ?

Accepter ce débat c’est revenir sur la version officielle de la Révolution d’octobre, "qui a perdu la Russie".

Vous trouverez ici de très nombreux articles sur le centenaire 1917-2017.

Pour la petite histoire,  le Lycée Français de Moscou,  Alexandre Dumas,  est juste derrière ce bâtiment,  bien au chaud !

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