" Arrêtez la planète, je veux descendre "

Publié le par Boyer Jakline

Comment ? No comment !
Comment ? No comment !

C'est la réaction de Vladimir Pozner après le vendredi 13 noir à Paris.
Ce journaliste fameux aux 3 passeports, russe américain français, est né à Paris, sa mère était française . Je rappelle qu'il anime un talk-show sur Rossia 1 tous les lundis soirs: un seul invité, du monde politique ou culturel Une heure d'entretien. J'ai déjà eu l'occasion de traduire ses propos . Bien que tardive, son émission est très suivie .

Un esprit libre dans une " Russie prison " ?

Il écrit une rubrique d'humeur, Réplique, sur son site pozneronline. En russe, bien sûr .

. Sa rubrique du 16 novembre, intitulée comme dit dans le titre, donne une idée de ce désespoir qui peut envahir après cet attentat de plus, de trop ? comme si les morts NON pleurés auparavant (35;000 victimes d'attentats terroristes dans le monde depuis janvier 2015, soit le double de 2014) nous sautaient à la gorge.
Très sollicité pour donner sa réaction après le drame parisien , il a refusé pratiquement de parler MAIS il écrit dans son billet " Réplique "
Je traduis ici son cri :

."..J'ai été blessé et étonné de certains propos, venant tout autant du côté russe que du côté américain .
Je considère qu'il doit y être prêté at
tention.

Par exemple, du côté russe il est dit " l'attentat a été possible à Paris, parce que la France s'est toute abandonnée aux Etats unis et se considérait du coup en sécurité. Mauvais calcul ". Alors j'ai envie de demander, et si la France s'était abandonnée à quelqu'un d'autre, nous ne dirons pas à qui, sa défense aurait été assurée ? Et demander encore, si par malheur des attentats terroristes se produisaient dans d'autres lieux, ce serait aussi parce qu'ils auraient choisi l'Amérique comme protecteur ?

Le regard américain, maintenant : " Poutine propose de créer une coalition puissante, pour affaiblir voire anéantir Daesh . Bien sûr, s'allier à lui n'est pas de notre goût, mais on s'est bien allié à Staline contre l'Allemagne nazie, et Staline, c'était plutôt pire que Poutine, non ? Bien sûr à l'issue de cette union le monde s'est retrouvé dans une situation qui ne correspondait pas à celle que nous, américains, souhaitions. Mais cette fois nous saurons tenir compte des erreurs passées ".

Vous savez tous que je suis un ami de l'Occident, favorable aux valeurs démocratiques, aux libertés démocratiques . C'est pourquoi quand, chez nous, quelques personnes,plutôt haut placées, racontent n'importe quoi, je sais d'où ça vient, cela ne m'affecte pas trop, même si c'est tout de même pénible.

Mais quand c'est d'Occident et d'Amérique que vient ce n'importe quoi, je suis perdu . Comme si le monde avait perdu la tête.

Et j'ai envie de dire : " arrêtez la planète, je veux descendre "

Bonne chance "


Vous reconnaîtrez, mes lecteurs, la rhétorique insupportable à laquelle nous avons droit à longueur d'antenne sur la Russie actuelle. depuis des mois. Et, au moment où les événements dramatiques poussent le président français à revoir sa position sur la Syrie et envisager d'aller à Moscou, le 26 novembre prochain, cette rhétorique ne faiblit pas d'un pouce.

Vrai aussi que sa jolie métaphore permet l'expression d'un moment de découragement que j'ai ressenti : autant à cause des meurtres que de la pensée unique guerrière qui se déploie et les (non) solutions qu'elle engendre.

Publié dans vaste Russie

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