Les choses de la vie.

Des fleurs et de la neige :

Moscou a connu il y a peu un retour violent de l'hiver. Monceaux de neige, températures très négatives.

Du coup, les jardiniers de la ville s'affairent sur les parterres, brisent la neige glacée encore là et l'éparpillent pour accélérer sa fonte. Ils plantent des boutures et dans quelques jours, la ville sera colorée. Or, par endroits, les fleurs montrent leur nez, à côté de la neige. Ce qui est un spectacle rare.

Donc mon texte devait être bucolique, anodin, un peu niais.

 Et des missiles :

Mais, les missiles sur la Syrie sont venus ajouter à une inquiétude déjà présente.

En cause, les nouvelles sanctions américaines qui, cette fois, s'attaquent aux oligarques.

Par exemple, est sanctionné Oleg Deriskapa, 80% de l'aluminium produit en Russie et exporté à l'étranger. Qu'a décidé le gouvernement ? De l'aider avec les finances publiques. Pour éviter, dit il, des fermetures d'entreprises. Cela ne passe pas, même auprès de ceux, nombreux, qui sont bien disposés à l'égard du pouvoir.  Un député communiste souligne que " ces capitaines d'industrie " ont liquidé l'industrie soviétique et jeté à la rue des millions de travailleurs. Il faut donc récupérer ces richesses et non les entretenir dans ces stratégies mortelles pour le pays.

Même sans partager l'ensemble de ces analyses, la population voit bien que ses difficultés s'accumulent et que l'argent public va toujours au même endroit.

Ce même oligarque mène une politique et une vie d'oligarque. Connue de tous.

Elle n'a pas économisé pour sa retraite : tant pis pour elle.

Or, la situation sociale est difficile. Une grande colère existe à l'égard du gouvernement et de la Douma. D'autant qu'ils pourraient  de décider en riposte à ces sanctions, de ne plus acheter de médicaments américains. Une catastrophe sanitaire pour les Russes.

À cela s'ajoute la chute du rouble. " Tu es riche " me dit l'ami qui m'accueille. Je ne suis pas une habituée des taux des changes. Force est cependant de constater que le rouble vient de passer de 65 à 75 pour un euro.

Les Russes qui voyagent à l'étranger suivent ces cours comme le lait sur le feu.

Pour tous, c'est l'assurance d'une hausse de tous les prix. Pas besoin de ça. Il y a en particulier une situation très difficile de nombre de retraités. C'est un quasi scandale national.

Mais c'est le but des sanctions, non ? ( Sous la photo de droite, Oleg Deriskapa. Frappé par les sanctions, il faut l'aider. À gauche, la retraitée)

Poutine, lui, n'est pas touché par cette colère. Il a fort à faire au plan international.

Les bombardements sont condamnés, aventurisme.  Je vois que toute la planète est suspendue à la réaction russe. Raisonnable ? Ne pas tomber dans l'engrenage ? Vous prendrez connaissance avec intérêt de l'analyse de Xavier Moreau. Elle éclaire l'attitude de la Russie dans cette épisode.

Ce qui ne l'empêche pas de déployer son intense activité diplomatique.

Ziouganov a caractérisé " la nouvelle Entente " de " bandits de grand chemin"..

Différentes versions circulent ici : ces frappes ont pour but d'empêcher la commission d'enquête, juste arrivée, de travailler. De remettre en selle les Occidentaux qui ont perdu cette guerre. De ne pas permettre la réunion de travail entre toutes les parties syriennes concernées pour tenter de construire un avenir sans guerre. Certains évoquent un très mauvais scénario, qui commence le 4 mars à Londres avec l'affaire Skrypal et se poursuit à Damas. D'autres font démarrer les choses avec l'affaire du dumping des champions et l'interdiction aux meilleurs de prendre part aux J.O. Comme une grande hystérie sur la Russie et la chimie.... 

Remarque tout de même : l'agent orange n'était pas russe, sans remonter plus loin.

Quelques citoyens cependant, très minoritaires, pensent que le responsable est bien le pouvoir russe.

Et puis, dans ce pays très francophile, les milieux que je fréquente, c'est la déception. Le jeune et sympathique président tombe de son piédestal.

Je pars demain à Yaroslav participer à la semaine de la francofolie qui se tient tous les ans.

Je vous en dirai plus.

À part ça, il faut très beau et toutes les aires de jeux sont pleines d'enfants encapuchonnés qui enfin profitent du soleil. 

Et l'asphalte crépite sous les pneus-clous.

Pour le coup, une analyse qui tranche. Xavier Moreau vit à Moscou, travaille sur ces questions géopolitiques.