La vie comme elle va: chaud devant !

Publié le par Boyer Jakline

" la patience a des limites". manif du 28 juillet dernier.

 " C'est une pilule amère à avaler" dit le premier ministre, Dimitrii Medvedev à propos de la réforme des retraites envisagée. 
Le pouvoir avec  le président sont mobilisés pour convaincre de la nécessité de cette réforme " cannibale" comme l'a qualifiée dès le départ le dirigeant communiste.
C'est que du côté du pouvoir, on ne s'attendait à un tel rejet massif.
La Commission électorale Centrale a accepté la deuxième mouture de la question qui serait posée au référendum, si ses partisans réunissent rapidement 2 millions de signatures.

Depuis 2004, où existe dans la Constitution le droit à référendum, c'est la première fois que cette étape est franchie: faire valider une question.

A noter cependant que 3 groupes sont à l'origine d'une question: le KPRF, Navalny, et un groupe qui se dit apolitique. Il y a donc 3 questions émanant de 3 groupes différents.

Aux dernières nouvelles, dans un dispositif préélectoral compliqué, il semble que des groupes plus ou moins fictifs ont déposé leur question pour le référendum dans les diverses instances locales, empêchant le KPRF de déposer la sienne. Il envisage  un recours devant les tribunaux.

Le débat a repris à la Douma, où, invité, le représentant des syndicats indépendants a expliqué pourquoi il était opposé au référendum. " Le droit social ne se vote pas par référendum." Sic.

Difficile chemin vers la démocratie représentative, au moment où elle est très chahutée dans notre  France, par exemple ou en Grèce entre autres.


Les arguments des tenants de la réforme sont ceux que nous connaissons bien: même déploiement de contre-vérités, la première étant le ratio actifs/ retraités. A laquelle s'ajoute la seconde, souveraine: les caisses sont vides. Le président de la Douma, en  réunion en province, a même déclaré que l'on pourrait envisager de se passer entièrement de l'intervention de l'Etat dans le versement de retraites.

Cet argumentaire, déjà fallacieux chez nous, prend en Russie des allures de provocation, tant la population dans sa masse n'a pas atteint un niveau de vie, et une longévité autorisant de telles mesures. Les femmes prendraient leur retraire à 63 ans au lieu de 55 ans aujourd'hui, les hommes à 65 au lieu de 60 aujourd'hui...

Notons que le niveau des retraites est tellement ridicule que, bien sûr, la majorité des femmes continuent de travailler. Elles perçoivent leur retraite d'office, sans aucune démarche de leur part. Mais ce "luxe" devrait être supprimé.

Quant aux hommes, s'ils vivent un peu plus longtemps qu'il y a 10 ans et même qu'à la fin de l'ère soviétique, à 65 ans 43% d'une classe d'âge n'est plus de ce monde...

" Nous considérons que le pays n'est pas prêt, car nous sommes champions, en négatif, de la durée de vie. En Espagne et en Suisse, 10% de la population n'atteindra pas les 65 ans ... Aux  Pays Bas et en Norvège 11%, en Ukraine 40% et chez nous 43%!" déclarait Guennadii Ziouganov  il y a peu ( voir mon article du 19 juin dernier )

La réforme s'appliquera dès janvier 2019 par allongement de 6 mois, tous les ans pour arriver à 65 ans pour les hommes en 2028 et 63 ans pour les femmes en 2034.

Dans d'autres sondages 64% estiment que la réforme changera en mal leur vie et 71% demandent son abrogation. 37% estiment que Vladimir Poutine oeuvrera pour son amendement..

Plus généralement, près de 48% des sondés par le Lévada-tsentr estiment que la politique va dans le bon sens contre 42% qui estiment le contraire. 

Beaucoup seraient prêts à descendre dans la rue, et déjà l'ont fait le 28 juillet dernier.

La côte de popularité du président est " descendue" à 67%, 57% parmi les ouvriers. Ce qui lui laisse tout de même une belle marge, si l'on pense à la côte de popularité de la plupart des dirigeants occidentaux. ( ce qui, en toute démocratie, ne les empêche pas de continuer!)

Toujours cette constante du soutien massif à la politique extérieure et le rétablissement d'une certaine autorité du pays dans l'arène internationale.

Dans cet épisode c'est la " surprise" des dirigeants, président et premier ministre en tête qui étonne.
Dans le même temps, le pouvoir annonce qu'il  va créer deux zones offshore sur son territoire: une à l'ouest, Kaliningrad  et l'autre, à l'est, du côté de Vladivostok. Pour que les oligarques très menacés par les sanctions américaines, trouvent un "abri" à la maison. Avec l'argument qu'ils vont investir dans l'économie nationale.

Rapatrier les oligarques à la maison et dire qu'il n'y a pas d'argent pour les retraites, c'est une pilule dure à avaler pour certains citoyens, une décision qui fait des vagues dans les milieux populaires.

 

 

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