Bordeaux déconfiné, 2ème e semaine.

Publié le par Boyer Jakline

Nous voilà en liberté surveillée.  10ème jour.

L'été s'est abattu sur Bordeaux,  inattendu,  violent.

Les masques  sont obligatoires dans la rue Ste Catherine où dès le 11 mai  une foule compacte prenait place, chacune,  chacun à un mètre de distance. 

Soif de retrouver les magasins,  la forme de vie sociale la plus pratiquée.  Est-ce vraiment la vie sociale ?

Obligatoire aussi le masque pour entrer dans le marché des Capucins. 

Ailleurs,  quand il ne l'est pas, beaucoup ne s'y astreignent pas. Quelques regards désapprobateurs, mais plutôt dans l'ensemble l'indifférence.

Je mets ce masque quand je ne peux faire autrement.  Une commerçante du marché,  masquée, rouspète doublement.  Impossible d'être ainsi couverte s'il fait chaud.  Et puis,  la police municipale a fait son tour : les deux agents étaient sans masques. 

Plus loin les poissonnières sont à visages découverts. Bref, un peu chacun comme il veut ou presque.

A part ça,  on sort sans aus-weiss. Mais tout de même un papier sera nécessaire si vous êtes en voiture,  prouver que  vous n'avez pas dépassé les 100km de votre domicile.  100km à vol d'oiseau.  Un poète s'est glissé parmi les concepteurs du texte. Difficile de prouver le vol d'oiseau. 

En fait,  la ligne est toujours la même : nous sommes des enfants irresponsables. La surveillance,  le flicage sont de mise. Et la répression. Est-ce du souci sanitaire ?

Dès samedi 16, des manifestants ont repris le chemin de la protestation. Même en respectant les dispositions, distance,  nombre,  ils se sont tout de même heurtés aux CRS, toujours eux aussi dans les mêmes dispositions. 

À  Bordeaux,  Gilets Jaunes,  désormais sans gilets,  et des militants  de Bordeaux en luttes,  créée pour l'élection municipale,  avec un certain succès électoral,  ont organisé  un pique-nique.  La police est passée  sans autre intervention,  les consignes " barrières " étant respectées.  Une association  active  Vélorution a organisé un parcours le dimanche 17. Pour  réaffirmer le besoin  de développer le déplacement en vélo et favoriser les transports publics.

Mais du côté du pouvoir,  central et  municipal,  l'envie d'un "monde d'après " frère jumeau du monde d'avant  se lit dans toutes les décisions prises. La politique de destruction du service public de santé est reprise dans la  réaffirmation des suppressions de lits et services à l'hôpital.  Par exemple. 

Certains préfets ont purement et simplement interdit tout rassemblement. Ce qui du coup  montre le bout de l'oreille : certains journaux bruissent  du : " le pouvoir craint la deuxième vague...de la protestation sociale.." Ah, bon ?

On comprend mieux que les thèses complotistes aient le vent en poupe. 

Et la com' présidentielle nourrit la colère.  Dernière en date, la petite phrase, il n'y a pas eu de pénurie de masques.  Chez les soignants de toute catégorie cela ne passe pas et des professeurs qui dirigent des grands services dans de grands hôpitaux parisiens viennent dire les faits.

Je suis en contact avec mes amis à Moscou, à Yaroslav et Nijni-Novgorod. Le déconfinement devrait intervenir le 31mai. Très sévère,  semblable au nôtre à Moscou,  le confinement est plus bon enfant à Yaroslavl et Nijni. La crise économique est omniprésente dans les têtes déjà bien avant la pandémie. 

En Russie,  il fait un temps épouvantable,  en plus. Bien que  pluie et froid rendent moins pénible de rester chez soi.

Réunie en plénum,  la direction  du PC confirme ses analyses et réaffirme le besoin impérieux  de changer de cap économique.  La chute du prix du pétrole  est une catastrophe et la politique suivie  de mono industrie  irresponsable. Au détour d'une  phrase,  le président Ziouganov caractérise le coronavirus comme  " une forme complexe d'une simple grippe ". Cela lui vaudrait d'être  insulté ici...

Et de constater  l'incapacité du pouvoir actuel à en venir à bout, de rappeler les grandes heures de la médecine soviétique contre des épidémies autrement dangereuses.  C'est d'ailleurs dans le débat public. 

Déconfinons, déconfinons... les deux mois sous cloche ont un impact plus durable sur nos vies.  C'est d'une très grande violence. Que s'est il réellement passé ?

La violence médiatique,  elle, n'a pas cessé,  d'autant plus nécessaire pour le pouvoir que la défiance  à son égard est au sommet.

En lien  un clin d'oeil qui témoigne d'un état d'esprit chez nos concitoyens,  loin d'être marginal. 

Je ne l'ai pas lu, mais la présentation est prometteuse. 

À suivre. 

 

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