"Les chimères de la conscience ".

Publié le par Boyer Jakline

Manifestation de soutien au Batka,  petit père en biélorusse..

Manifestation de soutien au Batka, petit père en biélorusse..

Article cinglant de mon ami Rustem Vahitov publié dans Soviétskaya Rossia le 29 juin. 

Le titre est : l’Union Européenne et les "chimères de la conscience"

 

Se confirme une grande indignation de nombreux russes à l’égard des politiques européennes. 

Ce point de vue est à connaître car il tranche avec les analyses dominantes en Russie. Les sanctions y sont condamnées comme mode de gestion des relations internationales.  Mais aussi leur inefficacité et leur caractère contre-productif. Les sanctions appliquées à la Biélorussie ne sont pas vues dans leur violence. 

Dans son introduction,  Rustem Vahitov rappelle que Biélorusses et Russes ont honoré dans la même ferveur les 80 ans de l’agression nazie.  Au-delà des officiels,  c'est la population qui se souvient.  Parmi les victimes des férocités, il y eut beaucoup de civils,  femmes,  enfants,  vieilles personnes. 

Or c'est cette date,  le 22 juin que l’union européenne a choisie pour décider une quatrième vague de sanctions pour la Biélorussie.  "Sans chimères de conscience".

Cette expression limpide était la consigne donnée par Hitler à  ses armées.  En territoire soviétique,  ils pouvaient se lâcher et laisser la conscience à la maison.  Ce qu’ils n’ont pas manqué de faire, puisque,  face à eux, il y avait des "sous-hommes", untermenschen.

C'est en comparant les sanctions appliquées à la Russie,  sorte de jeu, à celles appliquées à la Biélorussie,  que l’auteur utilise l’expression. 

Ces sanctions économiques très lourdes traduisent la volonté de tuer l’économie biélorusse,  mettre à genoux le pays. Au delà des discours sur l’humanisme européen,  ne se dévoilent-ils pas en "dignes héritiers d’Hitler" ?

Sur les sanctions appliquées à la Russie :

Chiffres à l’appui, Rustem Vahitov fait la démonstration de leur caractère peu contraignant. Ainsi,  si environ 400 personnalités proches du pouvoir sont concernées,  force et de constater que c’est " business as usual" . Des millions de dollars continuent de s’accumuler sur les comptes de milliardaires russes à  l’étranger.  Fortunes accumulées sur la production de la société russe.  Par exemple, le milliardaire Timtchenko depuis 2014 a vu sa fortune croître de 43%, de 15 milliards de dollars à 22 milliards. Ou bien le milliardaire Souleiman Kerimov de 6 milliards de dollars à  15.... soit une hausse de 143%... et d’autres noms cités.

Certes,  Deripaska, proche du pouvoir, (propriétaire de RUSAL, 2e plus grande société d’aluminium au monde.  J.B ) a perdu près de la moitié de ses avoirs. Et d’autres. Mais ils ne mettent pas la clé sous la porte.

Cependant, au total, pour la seule année 2020, la richesse en dollars de la classe des oligarques est passée de 392 milliards de dollars à 454, comme le notait le magazine Forbes  en mai 2020.

"Du coup les propos des États-Unis et de l’union européenne disant appliquer des sanctions pour abattre un régime dictatorial apparaissent pour ce qu’ils sont : du vent". Rustem Vahitov. 

Telle n’est pas son appréciation des sanctions contre la Biélorussie. Il y voit la volonté de tuer l’économie biélorusse et mettre le pays à genoux. 

Sur les sanctions à l’encontre de la Biélorussie. 

Rustem Vahitov note qu’elles concernent les secteurs vitaux de l’économie et des exportations vers l’Europe.

"Après un premier volant de sanctions " ponctuelles" qui touchaient 80 personnes proches de Alexandre Loukachenko, les sanctions prises le 22 juin dernier sont " sectorielles" c’est à dire  concernent des secteurs entiers de l’économie. Par exemple il est interdit d’acheter à la Biélorussie des engrais,  des produits dérivés du pétrole,  des cigarettes... La Pologne, la Belgique sont des clients importants... les pays Baltes aussi.

Les fonctionnaires européens ont aussi introduit des sanctions contre des conglomérats industriels qui font l’économie biélorusse, notre république sœur."

Rustem Vahitov énumère ces conglomérats qui viennent s’ajouter à  ceux déjà visés par de précédentes sanctions. 

Il précise que le ciel biélorusse est fermé aux compagnies d’aviation européennes. 

Dans un échange avec Rustem Vahitov autour de cette nouvelle attaque,  il m’interroge sur la date choisie pour ces sanctions : le 22 juin... l’ont-ils fait exprès ? Ne savent-ils pas ? C'est l’élément qui a le plus choqué mon ami.  Le symbole qu’il représente.  Comme un 22 juin il y a 80 ans, s’affirmait la volonté d’écraser ce peuple... C’est son analyse. 

Mais les Biélorusses  sauront relever le défi.  Et ils pourront compter sur le soutien du grand frère russe. Ces politiques européennes sont de ce point de vue aussi  totalement contre-productives.

Mes remarques :

Lisant et parcourant de nombreux articles autour du 22 juin, je perçois à quel point ces deux mondes, le russe et l’occidental, pourtant passés à la même moulinette du capitalisme, sont deux planètes. La réécriture de l’histoire de la deuxième guerre mondiale en  creuse le fossé devenu gouffre. 

C'est à partir de leur analyse que les Russes bâtissent leur politique étrangère 1- leur défense,  2- travailler à  reconstruire des relations internationales autour de l’ONU, loin de tout G7 ou G20 qui laissent écartés de toute décision près de 140 pays. 

Ce que États-Unis et élites occidentales ne leur pardonnent pas. 

 

Dernière minute :

Hier,  3 juillet,  le président Loukachenko a fait fermer la frontière avec l’Ukraine : des livraisons d’armes s’effectuent par ce chemin. 

Les Etats-Unis sont autorisés par Kiev à l’intervention militaire ouverte en Ukraine,  ce dont ils ne se privent pas, et à la livraison d’armes " létales". Dénoncé officiellement par Moscou. Ce qui fait dire à certains commentateurs que l’adhésion à l’OTAN revêt un caractère symbolique. 

Publié dans Politique, Ici Moscou

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