Pouchkine, 1831.
6 août 1945 : hommage aux Japonais d’Hiroshima. Depuis 77 ans, ils continuent de souffrir des conséquences de cet exercice "in vivo".
Voir mon article sur ce blog.
POUCHKINE, 1831.
Déjà Pouchkine en 1831 s’adressait "Aux détracteurs de la Russie". Ce texte cité régulièrement depuis plusieurs décennies éclaire la lecture du moment actuel pour le pouvoir russe et une bonne partie de la population : il s’inscrit dans l’histoire longue de ce pays et ses relations houleuses avec les Occidentaux.
En 1830, se déroule la guerre russo-polonaise. Une nouvelle fois. Tandis que les guerres de conquête font rage dans le Caucase.
Je vous le propose, version originale et traduction, forcément insatisfaisante. Mais l’essentiel y est.
Quand il est question de la Russie, de quoi est-il question au juste ?
Клеветникам России - Пушкин. Полный текст стихотворения - Клеветникам России
О чем шумите вы, народные витии?Зачем анафемой грозите вы России?Что возмутило вас? волнения Литвы?Оставьте:...
Traduction :
Pourquoi tout ce bruit, représentants d’un peuple éclairé(1)
À quoi bon menacer la Russie d’anathème ? Qu’est-ce qui vous indigne?
les troubles en Lituanie ?
Laissez tomber : c’est querelle entre Slaves,
domestique, déjà pesée par le destin,
qu’il ne vous sera pas donné de régler.
Depuis longtemps déjà ces tribus se battent entre elles.
Sous l’orage, tantôt eux, tantôt nous, nous sommes inclinés.
Qui gagnera dans cette querelle inégale, le polonais hautain ou le russe fidèle ?
Les ruisseaux slaves se déverseront-ils dans la mer russe,
ou bien cette dernière s’assèchera-t-elle ? Voilà la question.
Laissez nous donc tranquilles : vous n’avez pas lu les tables de la loi pleines de sang.
Vous ne pouvez comprendre, elle vous est étrangère cette haine familiale
Vous êtes sourds et au Kremlin et à Prague.
Le courage désespéré de ce combat vous attire insensément.
Et vous nous haïssez...
Et pourquoi donc ? Répondez,
Parce que sur Moscou en feu nous n’avons pas accepté
la volonté impudente de celui devant qui vous avez tremblé ?
Est-ce parce que nous avons jeté dans l’abîme l’idole pesant sur les royaumes
Et racheté par notre sang liberté honneur et paix de l’Europe ?
Vous êtes menaçants en parole. Essayez donc en acte.
Ou bien le vieux guerrier, défunt sur la couche,
est-il désormais incapable d’armer sa baïonnette ?
Ou la parole du tsar russe est-elle impuissante ?
Est-ce à nouveau pour nous un conflit avec l’Europe ?
Le Russe a-t-il perdu l’habitude des victoires ?
Sommes nous peu nombreux ? Ou de Perm à Tauride,
Des rochers froids finlandais à la Colchide ardente,
Du Kremlin abasourdi
Aux murailles de la Chine immobile,
Étincelante dans sa barbe d’acier
La terre russe ne se lèvera pas ?
Envoyez nous donc, princes, vos fils en colère.
Ils ont une place dans nos champs,
Parmi des tombes qui ne leur sont pas étrangères.
(1) Il s’agit de députés français parmi lesquels Lafayette.